Histoire de l'internationalisme

WIELAND
Cette synthèse, Wieland réussit également à en faire une réalité
dans les rapports entre Etats. Les devoirs envers le genre humain de-
vaient l'emporter sur les devoirs envers l'Etat. L'existence de l'Etat
dépendait en effet de l'observation des devoirs envers l'humanité.
Périelès avait en fait nui aux intérêts de son propre Etat lorsqu'il avait
imposé l'hégémonie d'Athènes, au heu de faire de cette ville un temple
de paix éternelle et de bonheur universel.^
Le mot ,, cosmopolite " est un terme cher à Wieland lorsqu'il se
livre à ses réflexions pohtiques. Il entend tout d'abord par là un homme
qui se tient à l'écart de toutes les querelles partisanes pleines de fanatisme.
Il se rend parfaitement compte que les hommes adoptant une
telle attitude sont volontiers accusés d'égoïsme et de lâcheté, et que
souvent cette accusation est justifiée. Mais ceci est dû à ce que les
conceptions de ces gens ne sont qu'apjxiremment identiques à celles
du cosmopohte. En fait leurs mobiles sont tout à fait différents : les
actes du cosmopohte sont dictés par un idéal d'ordre général, tandis
que ceux des autres ne sont inspirés que par une pohtique du moindre
effort. La différence essentielle, c'est que le cosmoijohte n'est pas passif
en toute circonstance. Il entre en action lorsqu'il est persuadé de servir
la bonne cause, ou lorsqu'il s'agit d'empêcher qu'un parti soit opprimé.
L'immense écart entre le niveau élevé de la technique et de l'art et le
très bas niveau de la politique — qui devrait pourtant être le plus
noble de tous les arts — disparaîtra au fur et à mesure de l'expansion
de la conception rationnelle du cosmopolite. Voici quels sont, selon
Wieland, les principes fondamentaux qui doivent régir les relations
du cosmopolite et de l'Etat : ,, Der Kosmopolit befolgt aile Gesetze des
Staats worin er lebt, deren Weisheit, Gerechtigkeit und Gemeinniitzigkeit
offenkundig ist als Weltbûrger, und unterwirft sich den
ubrigen aus Nothvendigkeit. Er meint es wohl mit seiner Nazion ; aber
er meint es eben so wohl mit allen andern, und ist unfâhig, den Wohl-
stand, den Ruhm und die Grosse seines Vaterlandes auf absichtliche
Ûbervortheilung und Unterdrûckung anderer Staaten grùnden zu
wollen.
Die Kosmopohten lassen sich daher niemahls in besondere Verbindungen
ein, die mit der Auslibung dieser Gesinnungen imvcrtraglich
2 Ibid., p. 80.
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