Histoire de l'internationalisme

PACIFISME ET INTERNATIONALISME DANS LA LITTÉRATURE
§ 3. AUTEURS FRANÇAIS :
FÉNELON
En France, les auteurs qui se préoccupent du problème de la guerre,
sont plus nombreux qu'en Angleterre ; ils sont aussi plus remarquables.
Le célèbre évêque Bossvet (1627— 1704), avocat du gallicanisme, fut
nommé précepteur du Dauphin en 1670, et composa une série d'ouvrages
de ,, pédagogie politique " pour son élève ; ils ne furent publiés que
plusieurs années plus tard. Ils forment une trilogie. D'abord ,, Traité
de la connaissance de Dieu et de soi-même ", exposé des thèses de la
religion ; puis ,, Discours sur l'histoire universelle ", enfin ,, Politique
tirée de l'Ecriture Sainte ", sorte de code des droits et des devoirs
des princes et de leur sujets, tels qu'on doit les déduire des leçons de
l'histoire exposées dans l'ouvTage précédent et des préceptes de
l'Ecriture. Ce sont les deux derniers ouvrages qui nous intéressent ici.
Au fond Bossuet ne fait que reprendre et développer l'argumentation
de Bellarmino (I. 217— 19) sur le problème de la guerre et de la paix.
Le gem-e humain est naturellement organisé en Etats. Bossuet salue
poliment en passant l'idée de l'unité du genre humain. Mais il ne s'y
arrête pas ; le fond de sa philosophie n'est pas là : ,, La société humaine
peut être considérée en deux manières. Ou en tant qu'elle embrasse
tout le genre humain, comme une grande famille. Ou en tant qu'elle
se réunit en nations; ou en peuples composés de plusieurs familles
particulières, qui ont chacune leurs droits.
La société, considérée dans ce dernier sens, s'appelle société civile.
On la peut définir selon les cho.ses qui ont été dites, société d'hommes
unis ensemble sous le même gouvernement et sous les mêmes lois. Par
ce gouvernement et ces lois, le repos et la vie de tous les hommes est
mise autant qu'il se peut en sûreté.*
La conception d'une organisation internationale est écartée, ou plutôt
ignorée. L'homme n'existe au fond que par son appartenance à ,, l'Etat
oîi il est né". Les formules ,, Respublique chrétienne" ou ,, Corpus
Christianum " ne se trouvent point chez Bossuet. Pour lui, l'Etat est
le dernier terme de l'évolution politique.
* Politique Livre 1^' „ Des principes de la société parmi les hommes ", con-
clusion. (ŒuNTCs complètes de Bo.s.suet, publ. par F. Loabat. Paris ISS,"! .X.XIll.
pp. 514—15).
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