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Histoire de l'internationalisme

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INTERNATIONALISME DANS LA LITTÉRATURE<br />

bien se monter à une trentaine <strong>de</strong> mille âmes. Candi<strong>de</strong> qui tremblait<br />

comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette<br />

boucherie héroïque ".<br />

Cependant Voltaire ne croyait pas non plus qu'on piit fah'e dis-<br />

paraître le phénomène <strong>de</strong> la guerre. La seule chose capable <strong>de</strong> créer<br />

ime garantie <strong>de</strong> paix à peu près sûre, c'était la réahsation aussi poussée<br />

que possible <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> tolérance. Par contre, il n'avait aucune<br />

foi en <strong>de</strong>s projets déterminés ^^sant à organiser la paix, comme celui<br />

<strong>de</strong> Saint-Pierre. Dans un essai j^ubhé en 1769, De la paix perpétuelle<br />

par le Docteur Goodfieart, il se prononçait très ouvertement sur cette<br />

question. Dans l'introduction à cet ouvrage, il déclare notamment :<br />

,, La seule paix perpétuelle qui puisse être établie chez les liommes<br />

est la tolérance : la paix imaginée jiar un Français nommé l'abbé<br />

<strong>de</strong> Saint-Pierre, est une chimère qui ne subsistera pas plus entre les<br />

princes qu'entre les éléphants et les rliinocéros, entre les loups et<br />

les chiens. Les Animaux carnassiers se déchireront toujours à la pre-<br />

mière occasion ".<br />

Voltaire estimait donc qu'une paix perpétuelle était irréaUsable,<br />

car les tendances agressives <strong>de</strong>s hommes amèneraient fatalement<br />

<strong>de</strong> temps à autre une guerre. Mais il est en même temps liors <strong>de</strong> doute<br />

que ces phrases <strong>de</strong> ,, La Paix perpétuelle " sont à <strong>de</strong>ssein exagérées.<br />

Ainsi Voltaire n'était pas partisan fervent <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong> Hobbes<br />

sur le ,, bellum omnium contra omnes ". Dans le domaine du droit<br />

<strong>de</strong>s gens, il adoptait plutôt une position intermédiaire entre le pessimisme<br />

d'un Hobbes et l'optimisme d'un Leibniz^- (dont il railla la<br />

conception du mon<strong>de</strong> d'une façon si cinglante dans ,, Candi<strong>de</strong> ").<br />

L'article ,, Droit " du ,, Dictionnaire philosophique " nous permet<br />

<strong>de</strong> nous faire une idée exacte du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> Voltaire sur ce sujet.<br />

Il y est notamment dit : ,, S'il n'y avait que <strong>de</strong>ux hommes sur la terre,<br />

comment vivroient-ils ensemble ? — ils s'ai<strong>de</strong>roient, se diroient <strong>de</strong>s<br />

injures, se battraient, se reconcilieroient, ne pouiToient vivre l'un sans<br />

l'autre, ni l'un avec l'autre. Ils ont le don du raisonnement ; oui, mais<br />

ils ont aussi le don <strong>de</strong> l'instinct et ils sentiront et ils raisonneront et<br />

ils agiront toujours comme ils y sont <strong>de</strong>stinés par la nature ".<br />

" Voir Paul Honigsheim, Voltaire uiul die Problème <strong>de</strong>r Vôlkerannaherung.<br />

„ Die Frio<strong>de</strong>nswarte ", 1939, no. 4.<br />

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