Histoire de l'internationalisme

PACIFISME ET INTERNATIONALISME DANS LA LITTÉRATURE
L'inspiiation antimilitariste des sectes laisse ses traces dans la
littérature, tout comme les spéculations des grands penseurs, ou l'idéo-
logie d'un ,, Droit de la Nature ".
La période que nous étudions est essentiellement un âge de transition.
La jeune classe bourgeoise, pour laquelle les grandes découvertes géographiques
et le développement de la navigation et du commerce d'outremer
avaient créé des possibilités d'expansion économique, commence
à se demander avec inquiétude si les guerres dynastiques des princes
valaient les dépenses et les souffrances qu'elles causaient. C'est cette
inquiétude qui s'exprime chez maint auteur français vers la fin du règne
de Louis XIV, chez les évêques Fénelon et Massillon, chez V.^uban,
ancien ministre du Roi-Soleil lui-même ; également chez un ancien
ministre anglais, Lord Claeendon. En France, la classe bourgeoise se
sentait encore trop liée à la tutelle royale pour oser poursuivre jusqu'au
bout ce raisonnement. La classe bourgeoise est plus libre dans sa pensée
dans les pays où le jeune capitalisme commercial devient puissant,
en Angleterre, aux Paj's-Bas, à Genève, et c'est de ces pays, dans lesquels
les classes commerçantes se sont ralliées dès le début au mouvement
calviniste et aux nombreuses sectes d'inspiration pacifiste, que
viennent les contributions les plus caractéristiques à ce mouvement
antimilitariste, et parfois même internationaliste. Il est vrai que certains
de ces auteurs sont des Français, mais ce sont alors des réfugiés huguenots,
tels Pierre Bayle et Jean Barbeyrac, qui cherchent asile dans la
Hollande libérale, où ils se rencontrent avec certains réfugiés anglais,
tels John Locke et ses amis, adversaires de la politique catholique et
absolutiste des derniers Stuarts. Dès la Révolution de 1689, Locke et
ses amis retournent dans leur paj's natal, et durant les premières années
du nouveau siècle, quelques jeimes auteurs, en premier lieu Swift et
Addison, reprennent la discussion du i)roblème de la guerre. Ainsi le
débat devient international, ou pour mieux dire européen. Des auteurs
venant de tous les pays occidentaux y prennent part et le publie se
utilité peuvent être le.s négociations, il faut considérer quo tous les Etats ilont
l'Europe est composée, ont entr'cux des liaisons et des commerces néces.saiivs qui
font tiu'on peut les regarder conxme des memljres d'une mémo Républiijue, et qu'il
ne |>cut jircsque point arriver de cliangement consitlérable en quelc|ues-uns de s(>s
membres qui ne soit capable de troubler le repos de tous les autres."
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