Leibniz, Akademie-Ausgabe, Bd. I, 23 - Gottfried Wilhelm Leibniz ...

N. 267 leibniz an königin sophie charlotte, 18. Mai 1704 375
caractere dont je viens de parler. En voicy une autre plus materielle et plus pesante, car il
faut de la matiere pour nourrir jusqu’aux pensées suivant ma philosophie meme, puis que
j’ay banni tous les esprits separés du nombre des creatures. V. M. sait que je pretends que
le vers à soye, l’animal de la terre le plus fait pour les philosophes apres l’homme, doit
servir, avec l’arbre dont il est la chenille, c’est à dire avec le meurier. V. M. est entré[e] 5
gracieusement dans ma pensée, et a disposé le Roy à donner cette culture à la societé
qu’il a fondée. Quand je viendray[,] je tacheray d’obtenir des lettres patentes pour cet
effect par l’Entremise de V. M. afin que l’affaire s’etablisse enfin dans les formes. Mais
j’ay eu soin d’obtenir d’Italie de la graine de l’arbre. Monseigneur l’Electeur en a fait
venir à ma solicitation. Il n’y a que 4 jours qu’elle est arrivée; et il m’en fait donner pour 10
l’envoyer à V. M. J’y joins aussi l’instruction qui servira au jardinier pour la semer au
plus tost, et quoyque la Lune ne sera plus croissante (car nous avons pleine lune demain),
je crois qu’il n’y aura pas grand mal. Mais si le temps estoit un peu couvert et humide,
je crois que ce seroit tant mieux.
J’espere que V. M. fera cette grace à la societé des sciences de faire accommoder 15
quelque endroit dans son jardin dans ce commencement pour servir de pepiniere, dont
par apres on pourra transposer les plantes à un lieu propre.
Mais si V. M. le trouve apropos[,] nous ferons venir une plus grande quantité de
graine pour l’année qui vient, ce qui se peut en donnant ordre pour cela à temps, afin
que quand les fruits seront meurs, on en cueillisse la graine pour nous l’envoyer. Nous 20
en trouverons aussi en Allemagne. Mais il me paroist apropos d’en faire venir aussi une
bonne quantité d’Italie pour voir si les arbres qui en viendront ne seront meilleurs.
Nostre Cour ira bientost à Herrnhausen; et je fais tout ce que je puis pour me depecher
vers ce temps là, afin d’aller faire ma cour à V. M. En attendant j’ay taché de
marquer mon zele comme j’ay pû. Car je m’imagine que V. M. se fera un plaisir de con- 25
tribuer genereusement à un aussi bon dessein que celuy de l’accroissement des Sciences[,]
à quoy je ne trouve rien de plus convenable que l’etablissement des meuriers blancs en
Allemagne, parce que c’est une entreprise qui ne charge et n’incommode personne. Je
suis avec devotion
6 disposé le Roy: vgl. I, 21 N. 440–442 und I, 22 N. 84. 7 lettres patentes: Das Maulbeerprivileg
wurde von Friedrich I. erst am 28. März 1707 erlassen; vgl. Brather, Akademie, 1993, S. 262–264.
9 Electeur: Georg Ludwig. 10 arrivée: durch Vermittlung von G. C. de Galli; vgl. N. 396.
11 jardinier: J. H. Otto.
20. 7. 2012