Leibniz, Akademie-Ausgabe, Bd. I, 23 - Gottfried Wilhelm Leibniz ...

N. 474 leibniz an kurfürstin sophie, 30. August 1704 663
il seroit moins difficile, si la confiance entre les deux Rois, de Suede et de Prusse, estoit
plus grande. II semble qu’elle diminue au lieu d’augmenter, car on a envoyé en Pologne
Monsieur de Marschalk chambellan du Roy de Prusse, et comme c’est celuy qui alloit
et venoit souvent dans le temps que la guerre entre les Rois de Suede et de Pologne
commença, et qu’il estoit alors de toutes les intrigues des deux cours de Pologne et de 5
Prusse, le monde juge qu’on en pourroit bien commencer quelque nouvelle. Cependant
comme cette Cour ici est fort reservee sur ce chapitre, et a raison d’aller bride en main,
j’espere qu’on ne se precipitera pas. Il est vray que la grande victoire rapportée sur le
Danube fait parler un peu plus haut icy, et le fera faire encor d’avantage aux Anglois et
Hollandois aupres du Roy de Suede, qui sont fort jaloux de ses progrés, et les Hollandois 10
particulierement souhaiteroient de voir la Prusse delivrée dont le commerce leur importe
extremement.
Monseigneur l’Electeur regrette sans doute beaucoup la perte de tant de braves gens
en deux grandes actions consecutives. Ce qui doit contribuer le plus à le consoler, c’est
qu’il est un des princes de l’Europe qui pourront profiter le plus de la victoire, car c’est 15
maintenant que je commence à esperer que l’Angleterre n’echappera pas à la maison de
Bronsvic.
Je fus devant la maison de Mylord Raby, mais comme il estoit encor indisposé, je
n’ay pû le voir cette fois, qu’à l’audience de l’Envoyé de Hollande.
Il paroist que Mons. Heims Resident de l’Empereur que V. A. E. a vû icy, a esté 20
employé pendant son absence de cette cour à la negotiation de l’accommodement de
l’Electeur de Baviere, autant que je puis juger de ses propres discours, et il paroist que
l’Empereur estoit disposé à luy accorder un morceau de ses propres terres hereditaires
d’un revenu de 200 mille écus par an, outre que l’Angleterre et la Hollande luy vouloient
donner autant de subsides qu’il en tire de la France et de l’Espagne, et luy payer ce que 25
l’Espagne luy doit: mais le succés de la marche du duc de Malbourough et l’inflexibilité
de l’Electeur leur epargne une si grande depense. Il semble que les Hollandois ayant
contribué à chasser l’Electeur de ses Estats, l’auront sur le[s] bras aux Paysbas, avec le[s]
debris de ses trouppes. Car Ulm estant aussi abandonné, on croit qu’il ira à Bruxelles.
Tant mieux[,] car peut estre pourroit il y donner un jour jalousie à la France. Il y a de 30
3 Marschalk: J. A. Marschall von Bieberstein. 8 grande victoire: der Sieg bei Höchstedt.
11 Prusse delivrée: von der Gefahr eines schwedischen Einfalls in Ostpreußen; vgl. I, 20 N. 114 u. N. 116.
14 deux grandes actions: die Schlachten am Schellenberg und bei Höchstedt. 20 Heims: A. von
Heems.
20. 7. 2012