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SPINOZA

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LA PÉNÉTRATION DU SPINOZISME 107<br />

conspiraient contre l'ignorance et les préjugés dominants (1) ».<br />

Plus simplement, le pasteur Charles Ancillon traduit sa recon<br />

naissance : « Il se faisait un plaisir singulier de communiquer à<br />

ses amis ses livres, ses manuscrits et ses lumières et de leur<br />

rendre tous les autres bons offices qui dépendaient de lui. Il se<br />

iaisait chez lui une fois par semaine une assemblée de gens doctes<br />

qui s entretenaient de tout ce qu'il y a de beau, de curieux et de<br />

solide dans toutes les sciences et surtout de la belle littérature (2).»><br />

Les étrangers sont encore plus éloquents; l'Italien Lorenzo<br />

Panciatichi qui le visite à la fin de 1670 le traite de « prince<br />

parmi les hommes (3) »; le jeune Francis Vernon, attaché de<br />

1 ambassadeur anglais Montagu, fréquente son cercle de 1670 à<br />

1672 et vante son hospitalité dans (4)-<br />

ses lettres à Oldenburg<br />

le chapelain de Charles II, George Hickes, venu à Paris en<br />

novembre 1673, se rend aussitôt chez celui qu'il appelle «le pro<br />

tecteur des étrangers et tout spécialement des Anglais (5) ».<br />

Ce charmant homme n'est pourtant pas un grand esprit; érudit<br />

naïf, il s'amuse de tout, recherche « la femme dans la lune »,<br />

croit aux dents qui poussent sous terre, s'ébahit des fleurs rouges<br />

du narcisse sphérique au Jardin du Roi (6); mais son impor<br />

tante correspondance à peine dépouillée laisse apparaître malgré<br />

le bavardage une précieuse indépendance, un épicurisme délicat<br />

qu'il voulait condenser dans un ouvrage « sur les commodités<br />

de la vie (7) », et surtout ce rôle essentiel d'agent de liaison qui<br />

fait de lui en cette fin du siècle un précurseur modeste de Voltaire<br />

et l'égal des Grimm et des Laharpe.<br />

(1) Éloge de Lémery (in Œuvres complètes, édit. Bastien, Paris, 1790-<br />

1792, t. VI, p. 370-371).<br />

(2) Mémoires concernant les vies et les ouvrages de plusieurs modernes<br />

célèbres de la République des Lettres (Amsterdam, 1709, in-12, p. 222, 231).<br />

« (3) M. Justel est l'homme le plus officieux et le plus gentil qui soit à<br />

Paris. II fait des faveurs à tout le monde et devine ce qui plaira. Sa maison<br />

est ouverte à tous, sa bibliothèque sert le bien public...; qui cherche des<br />

nouvelles s'adresse à lui, qui travaille dans les Belles-Lettres reçoit de lui<br />

des renseignements, de l'aide et des conseils. » (Lettre à Lorenzo Magalotti,<br />

in Belle Lettere familiari dei conte Magalotti, édit. Fabroni, Florence, 1769,<br />

t. II, p. 9; cité par Harcourt Brown, loc. cit., p. 196.)<br />

(4) Harcourt Brown, loc. cit. (p. 195).<br />

(5) Cf. Roger Ternois, Les Débuts de l'anglophilie en France (in Revue<br />

(documents manus<br />

de LUI. comparée, octobre-décembre 1933, p. 588-605)<br />

crits, Bibliothèque Bodleienne, ms. Rawlinson, D 1.254, fol. 261-264 :<br />

« The common patron of Etrangers and more especially of the English »).<br />

(6) Correspondance de Leibniz (op. cit., Reihe I, Band 2, n°<br />

529, p. 528).<br />

(7) Ibid. L'ouvrage ne fut jamais publié, malgré les instances de Leibniz.

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