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SPINOZA

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<strong>SPINOZA</strong> ET LA PENSÉE FRANÇAISE<br />

à son père qui vient d'épouser une fille de basse condition (1).<br />

Il voyage, comme le fera Montesquieu, en Angleterre et en Alle<br />

magne (2). Marié le 26 septembre 1689, il lui naît deux fils et<br />

deux filles. Il semble que vers 1694 il se soit établi définitive<br />

ment à Saint-Saire. C'est de cette période de repos qu'il faut<br />

faire dater son premier contact avec Spinoza.<br />

Nous lisons en effet dans la préface de sa prétendue Réfuta<br />

tion de Spinoza, rédigée beaucoup plus tard et imprimée en<br />

1731, qu'encouragé par «un grand prélat » (3) il s'était attaché<br />

à l'étude et à la critique du Tractatus, mais que des « embarras<br />

domestiques » avaient interrompu « l'ouvrage, embarras surve<br />

nus à l'occasion de la mort de ses plus proches (4) ». La data<br />

tion est facile : sa femme mourait en septembre 1696 ainsi que<br />

son père en décembre 1697. Une succession difficile lui interdit<br />

tout travail désintéressé : il faut donc placer cette étude avant<br />

1696. Qui fut ce grand prélat? Bossuet n'était guère de ses amis.<br />

On aimerait y voir Fénelon qui, en 1697, obtiendra le siège de<br />

Cambrai,<br />

qui partage tant de ses idées politiques et sociales<br />

et qui, en 1696, encourage l'essai de réfutation de François<br />

Lamy<br />

(5). Il est intéressant en tout cas que ce premier contact<br />

n'ait rien dû à l'ouvrage de Lamy ni à l'article de Bayle qui<br />

est de deux ans postérieur. L'effort de Boulainviller s'inscrit<br />

donc dans le cadre de la grande offensive catholique contre<br />

Spinoza et lui emprunte son caractère presque officiel.<br />

Longtemps cette étude demeura inconnue. Longtemps en<br />

revanche, sur la foi de la préface de 1731, on attribua au comte<br />

de Saint-Saire une Analise du « Traité théologi-politique » (sic),<br />

parue à Londres en 1767 et liée à l'opuscule Doutes sur la reli<br />

gion qui n'est manifestement pas de lui. Renée Simon a rétabli<br />

la vérité en mettant en valeur les Extraits des lectures de M. le<br />

comte de Roulainviller avec des réflexions demeurés manuscrits (6).<br />

(11 Cf. Simon, op. cil. (p. 18-23).<br />

(2) Cf. Id., op. cil. (p. 31, note 70, o durant la paix ■, c'est-à-dire entre<br />

1688 et 1689).<br />

(3) Réfutation des erreurs de B. de Spinoza (Bruxelles, Foppens, 1731,<br />

p. 152).<br />

(4) Bibliothèque Nationale, ms. n»<br />

9.111, fol. 2 (cité par Simon, op. cit.,<br />

p. 460, note 16). Le détail n'est pas consigné dans le texte de 1731.<br />

(5) Son premier essai contre Spinoza figure dans le Nouvel Athéisme ren<br />

versé de Lamy (Paris, Roulland, 1696).<br />

(6) B. N., ms. fonds fr., n. a., n 11.071 à 11.076, t. II, fol. 53 à 255.<br />

La discussion sur l'attribution fausse de VAnalise de 1767 se retrouve

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