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146 <strong>SPINOZA</strong> ET LA PENSÉE FRANÇAISE<br />
6° Lieux et villes<br />
désignés par leur nom<br />
postérieur.<br />
7° Moïse parle des<br />
rois d'Israël.<br />
8° Allusion aux vil<br />
les de Jaïr.<br />
9° Spinoza prétend<br />
que les livres de Moïse<br />
(Guerres du Seigneur,<br />
Livre de l'Alliance,<br />
Loi de Dieu) sont per<br />
dus et sans rapport<br />
avec le Pentateuque'<br />
actuel.<br />
10° Spinoza prétend<br />
que Moïse n'a écrit<br />
que les petits livres ou<br />
discours dont il est<br />
fait mention dans le<br />
Pentateuque.<br />
tholiques sont de cet avis1<br />
et « n'en concluent<br />
pas que le Pentateuque a été écrit longtemps<br />
après Moïse » (p. 45).<br />
« Mais il n'y a rien de si ordinaire que ces<br />
sortes de changements dans la plupart des<br />
livres sans qu'on en puisse conclure que<br />
les actes ont été altérés. Il se peut faire<br />
qu'on ait mis par forme de remarque le mot<br />
Dan en la place de l'ancien nom et que ce<br />
nouveau nom soit demeuré seul dans le<br />
texte » (p. 46).<br />
Simon préfère l'explication du jésuite<br />
Bonfrère à celle de Huet : « J'aime mieux<br />
dire que quelque écrivain hagiographe a<br />
ajouté quelque chose que de faire passer tou<br />
jours Moïse pour un prophète. » Mais on ne<br />
peut infirmer tout un livre à cause d'une<br />
addition « autrement il n'en resterait plus<br />
aucun dans le monde qu'on pût assurer<br />
être véritablement de celui dont il porte le<br />
nom » (p. 46).<br />
Simon se retranche derrière Huet qu'il<br />
cite et traduit : « Doit-on s'étonner que<br />
quelques remarques que quelques personnes<br />
pieuses et doctes auront mises à la marge<br />
aient peut-être passé dans le texte? » (p. 47).<br />
Simon invoque sa théorie des scribes.<br />
Rien n'est perdu puisque les scribes de<br />
l'époque de Moïse rédigeaient les annales.<br />
Tous les livres de Moïse sont dans le Pen<br />
tateuque actuel : « Spinoza paraît ridicule<br />
quand il prétend qu'ils sont différents du<br />
Pentateuque sans apporter d'autre preuve si<br />
ce n'est qu'ils sont plus courts : comme si<br />
une section d'un livre n'était pas plus<br />
courte que le livre entier » (p. 48).<br />
Simon ne s'engage pas sur ce terrain dan<br />
gereux et se contente d'affirmer : « Il est<br />
certain que Moïse a donné au peuple toutes<br />
les lois qui sont comprises dans les cinq<br />
livres » (p. 48).<br />
Ainsi donc, dans cette réfutation en règle, Richard Simon<br />
compte battre Spinoza sur son propre terrain. Moins hasardeux<br />
que Huet, il n'espère plus réduire les anachronismes en accordant<br />
à Moïse le don de prophétie. Mais il conserve son argument