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SPINOZA

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164 <strong>SPINOZA</strong> ET LA PENSÉE FRANÇAISE<br />

LE MIRACLE.<br />

f Quand les vignes gèlent en mon vil<br />

lage, mon prêtre en argumente l'ire de<br />

Dieu sur la race humaine et juge que la<br />

pépie en tienne déjà les cannibales. »<br />

Montaigne, Essais, I, 25.<br />

« Les miracles sont des désobéissances<br />

de Dieu. »<br />

André Gide, Réflexions sur quelques<br />

points de littérature et de morale (in<br />

Œuvres complètes, N. R. F., t. II, p. 414).<br />

Il n'est pas d'argument apologétique plus simple et plus popu<br />

laire que le miracle. Frappant directement la sensibilité d'une<br />

foule, indirectement l'imagination du catéchumène, il démontre<br />

sans phrases la vocation divine de Moïse et la nature divine de<br />

Jésus. Ne faisant appel ni au raisonnement, ni à l'élan mystique,<br />

il touche tout un chacun par son évidence concrète. Il n'exige<br />

ni l'intelligence et le sens dialectique des gnostiques ni les fer<br />

veurs des illuminés. Mais il présente dans son emploi une sérieuse<br />

difficulté. Non seulement l'apologète doit prouver son existence<br />

et en établir l'authenticité et par là il est soumis à toutes les<br />

règles de la critique historique; mais l'Église doit l'interpréter,<br />

reconnaître son sens avant de le proposer aux fidèles. Le miracle<br />

n'est pas seulement un fait extraordinaire qui rompt avec les<br />

lois habituelles de la nature, un prodige en somme (répaç); il<br />

doit aussi manifester une intention divine et faire éclater à des<br />

fins d'édification la puissance de Dieu; il doit être un signe<br />

(cr/)fi.eïov). Or, rien n'est plus rare qu'un prodige historiquement<br />

reconnu et théologiquement interprété.<br />

L'apologétique officielle du xvne siècle semble s'en être rendu<br />

compte. L'Église reconnaît l'éminente valeur des<br />

l'Écriture Sainte,<br />

miracles de<br />

mais elle hésite devant tout miracle nouveau.<br />

Le miracle de la Sainte Épine sur la personne de la petite Mar<br />

guerite Périer le 24 mars 1656 n'est pas accepté sans murmures (1),<br />

même par des croyants. La Réforme a porté un coup sensible<br />

au culte des reliques et plusieurs bons notamment dans<br />

esprits,<br />

la Compagnie de Jésus, inclineraient à penser à la disparition<br />

(1) Sentence de vérification accordée le 22 octobre 1656 par M. de Hodencq<br />

grand vicaire, suppléant le cardinal de Retz, archevêque de Paris i éloigne<br />

de son diocèse » (cf. Brunschvicg, édit. des Pensées et Opuscules de Pascal,<br />

Hachette, p. 214, note I).

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