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SPINOZA

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« LE TRAITÉ THÉOLOGICO-POLITIQUE » 179<br />

du grand Arnauld ou une joviale figure de moine ligueur. Ni un<br />

voyage à Rome, ni la charge d'official puis de grand vicaire au<br />

siège de Nevers, ni même l'âge ne peuvent l'assagir. En 1696, son<br />

ouvrage sur YAltération du dogme théologique par ta philosophie<br />

d'Arisiote le fait enfermer à Saint-Lazare. En 1699, il plaisante<br />

sur la lutte de Molinos et de Malebranche dans sa Presbyiéro-<br />

machie; en 1700, il tourne Fénelon en ridicule dans la Téléma-<br />

comanie. Ses Remarques sur Virgile et Homère et sur le style<br />

poétique de l'Écriture Sainte (1) en 1705 lui valent enfin une lettre<br />

de cachet qui l'exile à Riom, où il meurt en 1709. Un an plus<br />

tard paraissaient en Hollande ses Nouvelles Remarques ou les<br />

sophomories des sages et des savants (2). Ces deux derniers recueils,<br />

malgré les plaisanteries de mauvais goût et les rapprochements<br />

burlesques, révèlent beaucoup de lecture sinon beaucoup de<br />

bon sens. Valentin Faydit, ennemi des idées neuves, flaire avec<br />

joie l'hétérodoxie des Malebranche et des Richard Simon. Mais<br />

le premier en son siècle, avec une vigueur qui étonne et une<br />

perspicacité digne de Bossuet, il en montre l'unique source,<br />

Spinoza. Or, il connaît parfaitement l'œuvre du philosophe de<br />

La Haye. Il a lu le Tractatus dans l'édition latine de 1670 et en<br />

fait de longues citations; il a compulsé les Cérémonies des Juifs,<br />

titre donné en 1678 à la traduction de Saint-Glain et qu'il attribue<br />

faussement à Leclerc (3); il s'est même aventuré dans l'Éthique<br />

et dans le reste des Opéra Posthuma (4). L'idée d'une réfutation<br />

lui vint au cours d'une conversation avec un disciple de Male<br />

branche, Lélevel; celui-ci prétendait renverser Spinoza « sans<br />

pourtant en faire connaître le venin entier et sans révéler ni<br />

développer aux lecteurs la profondeur et la solidité de ses rai<br />

sonnements », et ajoutait avec bonne foi : « Si je découvrais au<br />

jour le véritable système de Spinoza et que je voulusse en faire<br />

comprendre toute la force, j'appréhenderais de faire bien des<br />

mpies et d'ébranler la religion. Enfin j'aimerais mieux avoir un<br />

(1) Où l'on réfute les inductions pernicieuses que Spinoza, Grotius et<br />

M. Leclerc en ont tirées et quelques opinions particulières du Père Male<br />

branche, du sieur l'Ëlevel et de M. Simon (Paris, Jean et Pierre Cot, 1705,<br />

in-12).<br />

(2) Dans lequel on réfute les erreurs des spinozistes, sociniens et armi<br />

niens et les opinions particulières et hétérodoxes des plus célèbres auteurs<br />

tant anciens que modernes (Amsterdam, François Lhenoré, 1734, in-12,<br />

1"<br />

édit., 1710, s. I.).<br />

« (3) Dans le livre abominable qu'on dit qu'il a fait sous le nom de Céré<br />

monies des Juifs qui n'est autre chose qu'une pure traduction du Tractatus<br />

theologico-poliiicus de Spinoza » (Remarques sur Virgile et sur Homère,<br />

p. 1031.<br />

(4) Il n'y a que la Morale et les Œuvres Posthumes de Spinoza qui ne<br />

soient pas aussi connues que son Theologico-politicus (ibid., p. 199).

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