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SPINOZA

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BAYLE ET BOULAINVILLER 307<br />

tions et des devoirs qui, dans la société, les auraient probable<br />

ment écartés l'un de l'autre, une parenté intellectuelle ait uni<br />

Spinoza et Boulainviller. Si la fortune l'avait fait riche et mor<br />

dant, le comte de Saint-Saire aurait été bien proche du duc de<br />

Saint-Simon et l'on imagine le portrait protecteur et narquois<br />

qu'aurait pu faire ce dernier du petit Juif de La Haye. Mais<br />

le malheur atténue les inégalités sociales et ce contact avec<br />

Spinoza que Saint-Evremond dut à l'exil, Boulainviller le dut<br />

à sa pauvreté.<br />

On ne peut cependant négliger l'importance de sa formation<br />

intellectuelle. Entré à Juilly à onze ans le 14 octobre 1669, il<br />

y fait en cinq ans ses études secondaires complètes (1). On<br />

peut douter que sa philosophie en 1673-1674 avec le Père Charles<br />

Gautier l'ait orienté vers Spinoza, bien que son cours en cinq<br />

volumes et qui coûtait huit livres ait été vraisemblablement<br />

cartésien (2). Mais l'année précédente, son maître de rhétorique<br />

était le fameux Richard Simon; c'est lui le maître que son bio<br />

graphe Moreri n'osera nommer (3). Quand on pense que cette<br />

année était la dernière de son enseignement à Juilly et qu'il<br />

traduisait précisément les Cérémonies des Juifs de Léon de<br />

Modène, il est vraisemblable que le savant oratorien ait mis<br />

ses meilleurs élèves dans la confidence de ses travaux, ait aiguillé<br />

leur curiosité vers l'histoire des religions et peut-être même vers<br />

la critique philologique. En tout cas, Boulainviller n'oublia<br />

jamais le chemin ardu que lui proposaient ses maîtres et la<br />

méthode rigoureuse de Richard Simon. Dans l'avertissement de<br />

son Abrégé d'Histoire universelle, resté manuscrit comme la plu<br />

part de ses œuvres, il leur rendra hommage : « Je n'apporte<br />

proprement à cette entreprise que les idées historiques dont on<br />

m'a rempli l'esprit dans ma jeunesse (4). » Peu importe son<br />

stage de neuf ans aux mousquetaires du roi, de 1679 à 1688 :<br />

la vie militaire ne le détourne pas de l'étude. Son premier manus<br />

crit, daté de 1683,<br />

porte le titre ambitieux d'Idée d'un système<br />

général de la nature (5) : plus précoce que Spinoza, il prétend<br />

déjà enfermer en formules l'homme et le monde. La chimie et<br />

l'astrologie le tentent; il dévore Boyle, Van Helmont et même<br />

Paracelse. Dès lors, les ennuis l'assaillent; un procès l'oppose<br />

(1) Renée Simon, op. cil. (p. 23).<br />

(2) Ibid., p. 23, note 45.<br />

(3) Moreri, Dictionnaire historique, 1759, in verbo : « un oratorien passé<br />

maître en histoire ».<br />

n°"<br />

(4) Mazarine, ms. 1.577-1.578, I, 25; cf. Simon, op. cit. (p. 258). L'ou<br />

vrage fut entrepris vers 1700, vingt-cinq ans après son départ de Juilly.<br />

n»<br />

(5) Vire, ms.<br />

VERIX'IERE, 1<br />

A-60, Chambre des Députés, ms. n° 231.<br />

20 '

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