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SPINOZA

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<strong>SPINOZA</strong> ET LE PROTESTANTISME FRANÇAIS 81<br />

maître de La Haye une leçon de modestie que la science moderne<br />

ne devait cesser de confirmer.<br />

L'œuvre entière de Leclerc, quoi qu'en ait dit et pensé l'auteur,<br />

assimilait de Spinoza une puissante méthode d'exégèse qu'il<br />

pensait pouvoir intégrer sans dommage pour la foi chrétienne.<br />

A ce disciple quelque peu ingrat du Tractatus s'oppose un dis<br />

ciple non moins honteux de l'Éthique, Noël Aubert de Versé.<br />

Jamais les déboires d'une vie ne furent causés plus directement<br />

par les excès d'un esprit aventureux. Né catholique au Mans<br />

vers 1645, Aubert de Versé étudie la théologie protestante à<br />

Genève en 1665 (1). Pasteur en Bourgogne, il est déposé en<br />

août 1669 par un synode tenu à Is-sUr-Thil et excommunié<br />

comme socinien niant la Trinité et la divinité du Christ. On le<br />

retrouve en Hollande, refuge de toutes les hétérodoxies. Quelque<br />

temps pasteur aux environs d'Amsterdam, il abandonne une<br />

fois de plus le ministère pour mener une vie d'expédients :<br />

correcteur d'imprimerie chez les Elzévier, il se lie, selon Moreri (2),<br />

au fameux socinien Christophe Sandius le fils; étudie la médecine<br />

et, une fois ses grades acquis, devient bourgeois d'Amsterdam.<br />

Mais au calme d'une vie bourgeoise, Aubert de Versé préfère les<br />

aventures. Les milieux les plus inquiétants le sollicitent; comme<br />

pour beaucoup de spinozistes, Meyer, Schuller, Lucas, la méde<br />

cine est un prétexte pour lui; il est assez lié avec le traducteur<br />

du Tractatus, Gabriel de Saint-Glain, pour continuer à sa mort<br />

en 1683 la rédaction des Nouvelles solides et choisies dont Bayle<br />

ne pense pas grand bien (3). Mais ce n'est pas seulement un<br />

folliculaire. En 1681, il a traduit en latin l'Histoire critique du<br />

il attaque Bossuet<br />

Vieux Testament de Richard Simon; en 1683,<br />

sur le principe de la communion; en 1634,<br />

sous le pseudonyme<br />

de Léon de La Guittonnière, il lance dans les jambes de Jurieu<br />

le Protestant pacifique et, pendant six ans encore, ne cesse de le<br />

harceler au nom de la tolérance, principe imprescriptible de la<br />

Réforme (4). En 1690, inquiété par l'orthodoxie calviniste, il<br />

qu'il y a un Dieu qu'il ne l'affermirait. Mais ces pensées sont si creuses et<br />

si déraisonnables qu'elles ne méritent pas que l'on s'y arrête » (Bibliothèque<br />

choisie, t. V, p. 111, Amsterdam, Schelte, 1705).<br />

(1) Cf. Haag, La France protestante (2° édit., t. I, p. 431).<br />

(2) Dictionnaire de Moreri (in verbo).<br />

(3) Œuvres diverses, t. IV, p. 620 (lettre du 18 janvier 1685).<br />

(4) Le Nouveau Visionnaire de Rotterdam ou Examen des parallèles mys<br />

tiques de Jurieu (Amsterdam, 1686), Traité de la liberté de conscience (Cologne,<br />

Pierre Marteau, 1687).<br />

Y. VERNIERE, x 6

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