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SPINOZA

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« LE TRAITÉ THÉOLOGICO-POLITIQUE » 177<br />

pays qui connaisse le vrai Dieu comme il en parut autrefois sur<br />

la ville de Jérusalem,<br />

on peut les prendre pour des signes envoyés<br />

par une Providence toute particulière (1). » Mais il se défend<br />

de l'accusation d'athéisme par un argument qui n'est plus un<br />

argument de foi : « N'est-ce pas poser un Dieu infini en ses per<br />

fections que de rejeter une doctrine parce qu'on la trouve peu<br />

conforme aux attributs infinis de Dieu? Or, je rejette la doctrine<br />

des comètes parce que je la trouve peu conforme aux attributs<br />

infinis de Dieu. Il faut donc nécessairement que je pose pour la<br />

base et pour le principe de mon raisonnement l'existence d'un<br />

Dieu infini dans ses perfections. » N'est-ce pas l'écho du Trac<br />

tatus? La croyance au miracle, disait Spinoza, « non seulement<br />

ne pourrait donner aucune connaissance de Dieu, mais au con<br />

traire ravirait celle que nous avons naturellement et nous ferait<br />

douter de Dieu et de tout (2) ».<br />

C'est à la fin de 1679 que Bayle se procure les Opéra Posthuma,<br />

mais il est probable qu'au moment où il rédige les Pensées diverses,<br />

il n'a pas achevé d'assimiler les thèses ardues de l'Éthique. Sa<br />

connaissance se précisera ensuite peu à peu, à la suite de mul<br />

tiples enquêtes et réfutations, qui en Hollande même attireront<br />

l'attention sur la personne et l'œuvre de Spinoza. Aussi faut-il<br />

chercher dans le tome V du Dictionnaire l'état définitif de la<br />

pensée de Bayle sur l'interprétation spinoziste du miracle. Or,<br />

il semble bien que son antipathie pour l'Éthique ait gâté sa<br />

sympathie spontanée pour les thèses du Tractatus. Sous la<br />

critique rationnelle, Bayle, avec autant de clairvoyance que<br />

Pierre Yvon, décèle maintenant les théorèmes du Ier livre de<br />

l'Éthique : « La nature et Dieu sont le même être, de sorte que,<br />

si Dieu faisait quelque chose contre les lois de la nature, il<br />

ferait quelque chose contre lui-même, ce qui est impossible (3). »<br />

Une telle hypothèse indigne Bayle, parce qu'elle ôte à Dieu son<br />

caractère de législateur libre et en fait le jouet d'une force aveugle<br />

et nécessaire. Prétendre ensuite qu'aucune volonté particulière<br />

de Dieu ne peut rompre cette loi d'airain est une pure pétition<br />

de principe. Bien plus, croyant avoir reconstitué le substrat méta<br />

physique de la doctrine spinoziste du miracle, il va faire rejaillir<br />

sur elle les attaques d'une ironie facile dont il avait criblé le<br />

fameux panthéisme. Puisque la puissance de la nature est infinie,<br />

elle peut aussi faire des miracles et par exemple rendre la vie<br />

à un mort. N'importe quelle modification de ce grand tout est<br />

(1) Cité par Prat, t. I, p. 171, note 1.<br />

(2 Appuhn, t. II, p. 132.<br />

p. 217).<br />

(3) Dictionnaire critique (t. V,<br />

Y. VERNIÈHE, I 12

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