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SPINOZA

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<strong>SPINOZA</strong> ET LE PROTESTANTISME FRANÇAIS 47<br />

seulement sous le signe de la foi, mais sous celui de la vérité.<br />

Là encore, les affirmations semblent l'emporter sur les preuves.<br />

Ce n'est plus le cas dans l'examen des chapitres III, IV et VI<br />

de Spinoza sur la vocation des Hébreux, la loi divine et les<br />

miracles. C'est là qu'avec perspicacité, Yvon utilise sa connais<br />

sance de l'Éthique pour interpréter les thèses du Tractatus. Toute<br />

l'erreur de Spinoza procède d'une fausse conception de Dieu;<br />

« comme il ne croit pas à la création du monde... qu'il croit que<br />

tout se gouverne par une nécessité fatale... enfin comme il est<br />

au fond un vrai athée », son but inavoué mais réel est « d'abolir<br />

toute l'impression que les hommes ont de Dieu comme suprême<br />

législateur (1) ». Comment s'en étonner? « Que pouvons-nous<br />

attendre d'un impie... qui ne connaît pas d'autre Dieu que l'uni<br />

vers (2)? » Les conséquences dangereuses s'expliquent aussitôt<br />

par ce principe. Que peut être la loi divine pour cet athée? Il<br />

va confondre l'amour des créatures et celui du créateur puisqu'il<br />

prend « les œuvres de Dieu pour Dieu même ». Même confusion<br />

dans sa doctrine du miracle. En attribuant à la nature « une<br />

éternité qu'elle n'a point et une immutabilité qu'elle ne possède<br />

pas non plus (3) », en affirmant que Dieu ne saurait transgresser<br />

ses propres lois, Spinoza sous-entend que la nature de Dieu et celle<br />

des êtres créés sont les mêmes. Monstrueuse impiété! En réalité,<br />

Dieu transcende la nature et rien ne l'empêche d'agir « par<br />

dessus la nature des êtres produits de lui ». N'allons pas croire<br />

au caprice. Le miracle<br />

— et<br />

Yvon insiste sur ce point — doit<br />

avoir un caractère édifiant; il « ne procède pas du cours naturel des<br />

choses », mais la puissance infinie, parfaitement libre, est en<br />

droit de se manifester parfois par un coup d'éclat, afin de s'af<br />

firmer et de se faire « extraordinairement connaître « (4) », pour<br />

montrer qu'elle a tout fait, que tout dépend d'elle » et qu'elle<br />

peut agir « sans les au-dessus créatures, d'elles et contre leur<br />

cours naturel ». Et une belle définition clôt la discussion en<br />

soulignant la primauté de Dieu : « Un miracle n'est pas seulement<br />

ce qui va contre le cours ordinaire de la nature, mais ce qui<br />

est opéré au-dessus d'elle (5). » Enfin, P. Yvon se refuse aux défi<br />

nitions spinozistes du droit naturel où il décèle les impiétés<br />

du Léviathan de Hobbes. C'est là une autorisation dangereuse<br />

des instincts naturels qui procèdent du péché et de notre corrup-<br />

(1)<br />

2) Ibid.,<br />

3) Ibid.,<br />

4) Ibid.,<br />

5) Ibid.,<br />

L'Impiété convaincue (p. 232).<br />

p. 237.<br />

p. 253.<br />

p. 259.<br />

p. 263.

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