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SPINOZA

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« LE TRAITÉ THÉOLOGICO-POLITIQUE » 171<br />

« La puissance de Dieu ne lui paraît jamais plus admirable que<br />

lorsqu'il se représente la puissance de la nature comme vaincue<br />

par Dieu (1). » Il faut se dégager de ce dualisme enfantin. Si<br />

Dieu est l'Être infiniment parfait, il n'y a pas de distinction à<br />

établir entre ce qu'il conçoit et ce qu'il veut. Donc, puisque<br />

l'univers est le résultat d'un décret « divin, les lois universelles de<br />

la nature sont de simples décrets divins découlant de la nécessité<br />

et de la perfection de la nature divine (2) ». Dès lors, contredire<br />

les lois de la nature c'est contredire Dieu ou croire que Dieu<br />

puisse se contredire. On ne peut admettre aucun gauchissement,<br />

on ne peut admettre plusieurs ordres oomme Pascal ou même<br />

Malebranche. Si les lois de la nature sont les décrets mêmes de<br />

Dieu, on ne peut en aucun cas restreindre leur domaine qui doit<br />

s'étendre à tout ce que conçoit l'entendement divin. Le miracle<br />

donc n'existe pas et n'a de sens que par « rapport à l'opinion des<br />

hommes ». Bien plus, accepter l'existence du miracle, c'est se<br />

refuser à connaître l'essence et l'existence de Dieu, c'est ravaler<br />

la divinité au rang d'un thaumaturge. Refuser le miracle, c'est<br />

au contraire dans le déterminisme universel voir se manifester<br />

l'infinité de Dieu, son éternité et son immutabilité. C'est préci<br />

sément dans un monde régi par la fantaisie et l'arbitraire que<br />

nous devrions raisonnablement perdre la foi. La foi au miracle,<br />

c'est l'acceptation, non de l'ordre divin, mais du désordre et du<br />

chaos, qui « nous ferait douter de tout et nous conduirait à<br />

l'athéisme (3) ».<br />

Il est pourtant des faits irréductibles aux lois naturelles, dira<br />

le vulgaire. Spinoza ne ruse pas et va choisir les miracles les<br />

plus patents de l'Ancien Testament. Va-t-on croire avec Josué<br />

à l'arrêt du soleil dans sa marche ou même comme Isaïe à sa<br />

rétrogradation? Il est bien évident que l'Écriture Sainte par<br />

ces assertions contredit les lois les plus simples de l'astronomie<br />

et que l'on ne peut mettre au compte de Dieu les interprétations<br />

ignorantes de quelques primitifs. A supposer même que les<br />

faits soient exacts, tout cela ne relève que de ces prétendues<br />

merveilles déjà étudiées par Aristote et Pline. Josué, en soldat<br />

fruste qu'il était, n'a pu prêter attention « à quelque effet de<br />

réfraction inaccoutumée (4) », causée peut-être par la présence<br />

de glace dans l'atmosphère. Isaïe devant la rétrogradation de<br />

l'ombre n'avait aucune idée des parhélies et a pu de bonne foi<br />

(1) Appuhn, Spinoza (t. II,<br />

(2) Ibid., p. 126.<br />

3) Ibid., p. 132.<br />

(4) Ibid., p. 51.<br />

p. 124).

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