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SPINOZA

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BAYLE ET BOULAINVILLER 317<br />

qui devait, déguisé en Réfutation de Spinoza, paraître en 1731 à<br />

Bruxelles (1). C'est en tout cas après plusieurs années d'études<br />

et de méditations qu'il s'y résolut, s'il semble bien que l'Essai<br />

date de 1712 (2). Est-ce une réfutation? Nullement; et son ami<br />

Mathieu Marais ne s'y était pas laissé prendre quand il disait<br />

que le titre ne tromperait personne (3). Il s'agit en fait d'un<br />

remaniement de l'Éthique, organisé non en cinq livres mais en<br />

deux parties, qui, négligeant la théorie de la connaissance du<br />

second livre et la doctrine du bonheur du cinquième, essaie de<br />

relier à la mode cartésienne une métaphysique de l'Être à un<br />

traité des passions. Boulainviller, comme le remarque Renée<br />

Simon, a repris le plan du Court Traité (4) qu'il ne connaissait<br />

pas. Rien d'étonnant : le but était le même, un effort pédago<br />

gique de vulgarisation. M. Paul Janet, qui ignorait la traduc<br />

tion préalable de l'Éthique, aura beau jeu de déclarer : « Bou<br />

lainviller a plutôt affaibli Spinoza qu'il ne l'a soutenu : son<br />

exposition diffuse est loin d'avoir la force saisissante de Spinoza<br />

lui-même (5). » Mais n'est-ce pas un peu facile, après un siècle<br />

d'études spinozistes, de traiter l'Essay de « paraphrase souvent<br />

pénible »? Un peu de sens historique prouve que les esprits du<br />

temps n'étaient pas à même, sans commentaire ni exégèse,<br />

d'adhérer à une pensée si audacieuse. Or, c'est cette exégèse<br />

que Boulainviller prétend donner : « Que nous servirait-il de<br />

diminuer la force des raisonnements que l'on nous oppose? Ne<br />

travaillons-nous pas pour la vérité? Et peut-elle manquer d'évi<br />

dence, de quelques couleurs que son contraire puisse être embelli?<br />

J'ai donc poussé le raisonnement de Spinoza aussi loin que j'ai<br />

pu le porter. Je n'ai point négligé d'orner ses pensées au-delà<br />

de ce qu'il a fait lui-même; et en général je n'ai rien appréhendé<br />

davantage que d'affaiblir ses démonstrations (6). » Quant à la<br />

réfutation, il la laisse à d'autres, ce qui est la meilleure preuve<br />

que pour lui elle n'est pas encore faite et que, comme à Dortous<br />

(1) Dans le recueil Réfutation des erreurs de Benoit de Spinoza (Bruxelles,<br />

Foppens, 1731).<br />

(2) Selon Renée Simon, op. cit. (t. I, p. 457, note 2). 4 manuscrits sont de<br />

1712, les 2 d'Auxerre-Laon-Arsenal, 2.236, et seul celui de Valenciennes<br />

serait daté de 1714. En fait, celui d'Angoulême et celui de Troyes portent<br />

août 1714.<br />

lettre du 4 mai 1732 :<br />

(3) Journal et Mémoires (Paris, 1868, t. IV, p. 361,<br />

« Pour le Spinoza de M. de Boulainviller, je l'ai vu manuscrit, et c'est<br />

une étrange idée d'avoir voulu éclairer ce que cet athée avait tenu obscur.<br />

Le titre de la Réfutation ne trompera personne... »).<br />

(4) Cf. Simon, op. cit. (p. 495, note 4). Le Korle Verhandeling, retrouvé<br />

au xix»<br />

siècle, a été publié en 1862 par Van Vloten.<br />

(5) Le Spinozisme en France (in Revue philosophique, 1882, t. XIII,<br />

p. 109).<br />

(6) Réfutation (p. 156).

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