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« LE TRAITÉ THÉOLOGICO-POLITIQUE » 197<br />
qui ont été les instruments de Dieu et qui pour être prophètes<br />
n'ont pas cessé d'être hommes. Le Saint-Esprit les a conduits<br />
d'une manière qu'ils ne se sont jamais trompés dans ce qu'ils<br />
ont écrit; mais on ne doit pas croire pour cela qu'il n'y ait<br />
rien dans leurs expressions que de divin et de surnaturel (1). »<br />
Vous tenez à retrouver la pure parole de Dieu? Une bonne<br />
édition critique serait déjà un progrès (2),<br />
et ne pas interdire<br />
comme le Père Tellier toute traduction en langue vulgaire contri<br />
buerait à rapprocher le fidèle de son Dieu. Mais le véritable dan<br />
ger n'est pas dans l'approfondissement du texte biblique. Il est<br />
dans ce besoin de diviser l'Écriture, de limiter l'inspiration,<br />
comme le font Grotius et Jean Leclerc, à quelques livres choisis<br />
en vertu de critères personnels, donc chanceux (3). Il est sur<br />
tout dans une notion fausse de l'inspiration comme celle que<br />
soutient Spinoza. Chose curieuse, c'est dans l'Histoire critique<br />
' du Nouveau Testament, domaine où Spinoza ne prétend à aucune<br />
compétence,<br />
habile,<br />
où Spinoza, —<br />
nisme,<br />
que l'attaque décisive sera montée. Le biais est<br />
car Simon utilisera surtout le chapitre XI du Tractatus<br />
par égard sincère<br />
d'ailleurs —<br />
pour le christia<br />
voit dans les apôtres plutôt des docteurs que des pro<br />
phètes et confère à leur enseignement une valeur rationnelle.<br />
« Spinoza a suivi exactement ce sentiment de Grotius qu'il a<br />
expliqué avec plus d'étendue dans son Tractatus théologico-poli-<br />
ticus où il ne nie pas à la vérité que les apôtres n'aient été pro<br />
phètes; mais il dit qu'on peut douter qu'ils aient écrit leurs<br />
livres en qualité de prophètes par un commandement exprès de<br />
Dieu qui les inspirait, comme ont été Moïse, Jérémie et les<br />
autres. Il prétend que si on juge des ouvrages des apôtres par<br />
leur style, on trouvera qu'ils ont écrit en qualité de docteurs<br />
particuliers et non en qualité de prophètes parce qu'ils n'ont rien<br />
de prophétique... C'était, dit-il, la coutume des prophètes de<br />
témoigner qu'ils parlaient par l'ordre de Dieu et ils n'ont pas<br />
seulement observé cela dans leurs prophéties, mais même dans<br />
leurs lettres qui contenaient des révélations (4). » Peu importent<br />
les arguments tirés de saint Paul ou de Papias qu'utilise Richard<br />
Simon pour réfuter cette idée. Mais l'occasion est belle d'en<br />
finir avec Spinoza. Il ne discute pas le fait que l'ordre de Jésus-<br />
!1) De l'inspiration... (p. 3).<br />
2) Ibid., p. 13.<br />
3) Ibid., p. 7-12.<br />
(4) Histoire critique du texte du Nouveau Testament (Rotterdam, Reinier<br />
Leers, 1689, chap. XXII, p. 272). Le passage est en partie traduit du cha<br />
pitre XI du Tractatus (Appuhn, t. II, p. 236-239) et le texte original de<br />
Spinoza en latin est cité en note.