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SPINOZA

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<strong>SPINOZA</strong> ET LA PENSÉE FRANÇAISE<br />

Leclèrc à citer le Pentaleuque samaritain, mais il triomphe sur le<br />

plan de la critique interne. On trouve des allusions nombreuses<br />

à; la Genèse et aux lois de Moïse dans les Rois ou chez les pro<br />

phètes anté-exiliques. Deux questions se posent dès lors. Moïse<br />

peut-il être l'auteur du Pentaleuque? Oui. Spinoza avoue lui-<br />

même que Moïse a eu l'intention d'écrire le livre des guerres<br />

de Dieu (1); est-il concevable qu'il ait voulu décrire « le détaildes<br />

campements israélites »,sans s'aviser « de faire l'histoire de<br />

la; sortie des enfants d'Israël hors du pays d'Egypte et d'ex<br />

pliquer ses lois avec quelque étendue (2) »? A cette vraisem<br />

blance s'en ajoute une autre. Esdras ne peut être l'auteur du.<br />

Bentateuque. Outre le danger d'être considéré comme le corrup<br />

teur de l'Écriture Sainte, on ne conçoit guère Esdras décrivant<br />

les murmures des Israélites, Moïse incrédule et désobéissant k<br />

Dieu et maint autre épisode peu flatteur pour les ancêtres,<br />

comme la perfidie de Lévi ou la vente de Joseph par ses frères (3).<br />

On peut admettre une recension tardive d'Esdras, non un roman<br />

de sa part. Tout le prouve : le style différent des livres, le désordre<br />

même des faits respecté et non artistiquement corrigé. On peub<br />

accepter des parenthèses; mais Esdras «n'a sans doute pas eux<br />

le dessein de faire accroire que ces parenthèses fissent partie<br />

du, discours de Moïse (4) ». Des notes ont pu «passer insensi<br />

blement de la marge dans le texte, ce qui n'empêcherait pas que<br />

cette écriture ne fût de Moïse et ne dût être considérée sur ce<br />

pded-là (5) ».<br />

Chef-d'œuvre de l'apologétique classique, le traité du pasteur<br />

Abbadie n'entamait nullement les positions spinozistes, même<br />

si sur certains points il faisait ressortir quelque hypothèse aven<br />

tureuse du philosophe. Pour discuter avec fruit, il faut posséder<br />

sinon la même méthode, du moins le même langage. Or Abbadie,<br />

au contraire des mystiques, veut bien accepter l'aide de la raison<br />

dans l'argument ontologique, tout en la récusant lorsque Spinoza<br />

l'histoire-<br />

interprète le miracle et la prophétie; aux rigueurs de<br />

et de la philologie, il oppose les vraisemblances psychologiques,<br />

l'impossibilité de duperies collectives, l'inaptitude à concevoir<br />

dans un monde primitif le développement et l'acceptation de'<br />

mythes brodant sur d'obscures réalités. Faut-il le lui<br />

Nul en son temps, même parmi les adversaires du christianisme,<br />

il) Tractatus theol.-polilicus (édit. Appuhn, t. II, p. 187).<br />

2 Traité de la vérité... (p. 312).<br />

3) Ibid., p. 320.<br />

4) Ibid., p. 324.<br />

5) Ibid., p. 325.<br />

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