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114 <strong>SPINOZA</strong> ET LA PENSÉE FRANÇAISE<br />
Dès lors,<br />
les pouvoirs religieux sont alertés. L'alarme vient<br />
d'ailleurs de Hollande. Depuis 1661, le catholicisme a un solide<br />
défenseur aux Pays-Bas dans la personne de Jean de Néercassel,<br />
vicaire apostolique d'Utrecht. Cet Oratorien, qui fit ses études<br />
à Saumur et au séminaire Saint-Magloire de Paris, devenu en<br />
1662 évêque in partibus de Castorie, mène avec une âme d'apôtre<br />
et une foi de chrétien des premiers âges le combat de la contre-<br />
Réforme. Ses sympathies jansénistes sont évidentes et, depuis<br />
1669, Antoine Arnauld le conseille au milieu des embûches et des<br />
humiliations (1). De sa tête de pont d'Utrecht, il sollicite l'aide<br />
de Bossuet et diffuse en Hollande dès 1676 l'Exposition de la foi<br />
de l'Église catholique (2). Or, Jean de Néercassel connaît Spinoza;<br />
il a accueilli en 1672 à Utrecht l'armée de Condé qui rendait au<br />
culte catholique les églises désaffectées (3); il est au courant de<br />
la venue de Spinoza auprès de Stoupe et de Luxembourg; c'est<br />
d'Utrecht que partirent les premières réfutations du Tractatus.<br />
Mais ce n'est qu'au moment de la publication de l'édition fran<br />
çaise, en 1678, que l'évêque de Castorie juge nécessaire d'agir et<br />
d'informer du danger ses amis de France. Cette intervention, tout<br />
en étant certaine, nous demeure obscure et nous devons nous fier<br />
presque entièrement aux savants éditeurs des Œuvres complètes<br />
d'Arnauld qui disposaient de correspondances maintenant éga<br />
rées (4). Voici leur témoignage : « Cette traduction commençant<br />
à faire du bruit, M. de Néercassel, archevêque d'Utrecht, l'envoya<br />
vers le mois de mars de la même année (1678) à M. Arnauld par<br />
M. Du Quesnoy, dans un paquet adressé à M. Bossuet, évêque de<br />
Condom. M. Arnauld dévoila le venin caché sous les expressions<br />
obscures et souvent inintelligibles du nouvel athée... Il fait<br />
mention (de l'ouvrage de Spinoza) mais sans le désigner dans ses<br />
lettres à M. de Pontchâteau du 25 mai et du 20 août 1678. M. de<br />
Pontchâteau en parle aussi dans sa lettre à M. de Néercassel du<br />
la nature qui fait une religion à sa mode, qui donne pour principe du culte<br />
intérieur lajustice et la charité, qu'avec ces deux qualités (sic) on peut être<br />
extérieur '!"' indifférent, et que le prince est maistre du culte<br />
(1 Correspondance d'Arnauld (Nancy, Nicolay, 1743, t. II, p. 525).<br />
^lSorresPondance de Bossuet (Urbain-Lévesque, Hachette,<br />
p<br />
1909, t. I,<br />
(3) Bibliothèque oratorienne (Paris, Poussielgue, 1882-1883, t. III, p. 57*ff.).<br />
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réserve nT8e7RwrHS^ne'^-d'Arnay.' 1775-1783, 43 tomes en 38 vol.,<br />
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garde et del£k Hautefag^<br />
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éti Ier- teS a7,?nt "'arWole remarquable de Jean Orcibal,<br />
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