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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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— Le soir approche. Nous autres allons passer la nuit ici.<br />

Vous, retournez sur vos pas avant qu’il fasse noir. Doublez les<br />

sentinelles, ouvrez bien les yeux, envoyez des cavaliers en<br />

patrouille si vous en avez. Nous vous retrouverons demain et<br />

déciderons de la marche à suivre. Surveillez Ariée. Je n’ai<br />

aucune confiance en ce Barbare.<br />

— Très bien. Bonne chance, général ! »<br />

Les deux hommes montèrent à cheval et disparurent en<br />

l’espace de quelques instants. Quant à nous, nous installâmes le<br />

campement pour la nuit.<br />

En vérité, nous n’avions ni tentes, ni couches, ni couvertures.<br />

Nous n’avions ni nourriture ni eau. Épuisés, les guerriers<br />

s’allongèrent à même le sol. Les hommes valides soignaient les<br />

blessés en leur préparant des bandages de fortune. Ils s’étaient<br />

battus pendant des heures, avaient parcouru des dizaines et des<br />

dizaines de stades, et ils ne disposaient que de leur cape et de la<br />

terre nue pour dormir.<br />

Nous avions du blé et des olives salées dans notre chariot,<br />

mais l’obscurité m’empêcha de dénicher la clef du gardemanger<br />

et je ne pus emporter qu’une outre d’eau. Je me<br />

rappelai alors que j’avais remarqué dans les environs des<br />

plantes familières : certaines dissimulaient des tubercules sous<br />

terre, d’autres possédaient des feuilles au goût salé. Je déterrai<br />

un certain nombre de racines comestibles et cueillis des feuilles,<br />

que j’apportai à Xéno. Ce fut un bien maigre repas, mais il<br />

trompa notre faim. Puis je m’étendis sous sa cape avec lui. Nous<br />

avions beau être en proie au danger, j’étais infiniment heureuse<br />

de sentir sa présence à mes côtés. J’avais vécu toute la journée<br />

dans la crainte de trouver son cadavre à la nuit tombée, et voilà<br />

que son corps chaud reposait contre moi. C’était un miracle, un<br />

prodige, et je remerciais les dieux tout en le couvrant de baisers,<br />

en m’agrippant à lui, en caressant ses cheveux pleins de<br />

poussière.<br />

« Je pensais ne plus te revoir, murmura-t-il à mon oreille.<br />

— Moi non plus. Que de morts, que d’horreurs !<br />

— C’est la guerre, Abira. C’est la guerre. Ça a toujours été<br />

comme ça, et cela le sera toujours. Et maintenant dors… dors. »<br />

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