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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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couleurs vives et véritablement impressionnantes. Un certain<br />

nombre de dalles s’étaient écroulées, et les figures gisaient au<br />

sol, le nez dans la poussière. « Voilà la fin qui attend les<br />

hommes orgueilleux », songeai-je.<br />

Xéno pénétra à l’intérieur, et je le suivis. Au fur et à mesure<br />

que nous nous y enfoncions, la lumière s’affaiblissait, et nous<br />

nous retrouvâmes bientôt dans une sorte de clarté où flottait<br />

une poussière scintillante. Soudain, j’eus l’impression d’avoir<br />

posé le pied sur quelque chose de vivant. Je criai. Mon cri et<br />

mes mouvements réveillèrent une myriade de chauves-souris<br />

qui jaillirent de tous côtés. Frappée et frôlée par ces créatures<br />

affreuses, je perdis mon sang-froid. Je hurlai de toutes mes<br />

forces. Xéno m’assena une gifle et m’entraîna dehors aussi vite<br />

que possible, couvrant ma bouche et mon nez de sa cape et en<br />

retenant son souffle. Il avait mesuré le danger qui nous<br />

menaçait : le battement d’ailes des chauves-souris soulevait une<br />

poussière dense qui risquait de nous étouffer.<br />

Une fois à l’extérieur, je m’écroulai et avalai goulûment l’air<br />

frais du soir.<br />

« Tu as vu comme il est facile de mourir ? me lança Xéno,<br />

hors d’haleine. Il n’est pas besoin pour ça de faire la guerre.<br />

— Tu as raison. Si tu ne m’avais pas giflée, j’aurais perdu tout<br />

mon sang-froid et je serais morte étouffée. »<br />

Je levai les yeux et découvris qu’un grand nombre<br />

d’individus de tous les âges se tenaient au sommet de la<br />

pyramide : venus des environs, ils s’étaient réfugiés là en<br />

espérant échapper aux armées qui passaient dans la région.<br />

Certains de nos soldats les rejoignirent afin d’épier Tissapherne,<br />

mais ils ne virent personne à l’horizon. Nous bivouaquâmes au<br />

milieu des ruines et, pendant une bonne partie de la nuit,<br />

j’entendis pleurer les enfants qui étaient perchés en haut de la<br />

tour avec leurs mères. Les femmes n’osaient pas descendre, et<br />

nous n’avions pas de quoi nourrir leurs rejetons. La pensée que<br />

les armées s’éloigneraient bientôt et que ces gens pourraient<br />

regagner leurs maisons et leur travail me réconfortait.<br />

Le lendemain, nous marchâmes toute la journée et<br />

atteignîmes un autre rempart en ruine, qui avait sans doute<br />

protégé autrefois une ville puissante. Nos ennemis s’étaient<br />

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