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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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général en chef, ou nous serons tous morts d’ici quelques<br />

jours. »<br />

Je songeai à Cléarque et à Agias, à Proxène et à Socrate.<br />

Surtout à Ménon : il m’avait relaté avec un réalisme<br />

épouvantable les tortures atroces que les Perses infligeaient et<br />

voilà qu’il se trouvait entre leurs mains. Ma gorge se serra et je<br />

vacillai. Quelle couleur avait en cet instant précis sa cape<br />

immaculée ? Et que restait-il de son corps de statue ?<br />

Xéno fut le premier à toucher la lance de Sophos. Agasias de<br />

Stymphale l’imita, tout comme Glous et Néon qui plongea un<br />

instant ses yeux dans les siens, puis les autres officiers et enfin<br />

les hommes en file.<br />

J’étais, quant à moi, incapable de regarder cette longue suite<br />

d’hommes qui élisaient leurs nouveaux chefs. Je voulais savoir<br />

ce qui était arrivé à ceux que nous avions perdus. Je le voulais<br />

aussi pour Mélissa qui était torturée par l’incertitude.<br />

J’ignore comment j’en trouvai le courage, mais je parvins à<br />

m’éloigner et à gagner la rive du Tigre. Je me déshabillai, nouai<br />

ma tunique autour de ma taille, plongeai dans l’eau et me laissai<br />

porter par le courant. Le fleuve brillait de mille reflets à la<br />

lumière de la lune, et l’eau était tiède. Bien vite, j’atteignis<br />

l’endroit où l’embuscade avait probablement eu lieu. Il y avait là<br />

un pavillon, une grande tente, semblable à celles qu’utilisent les<br />

nomades du désert, soutenue par des pieux et par de longs<br />

tirants. Elle était encore occupée car on voyait transparaître la<br />

lumière de quelques lampes, et des sentinelles avaient allumé<br />

un feu côté sud.<br />

Je rejoignis la rive et m’aplatis sur le sol afin de ne pas être<br />

vue des groupes de cavaliers perses qui étaient disséminés tout<br />

autour du pavillon, dans un vaste rayon. Je compris comment le<br />

piège avait été tendu. Il y avait sur la rive des centaines<br />

d’empreintes et des traces de boue, qui se dirigeaient toutes vers<br />

le pavillon. Je remarquai aussi de nombreux roseaux d’une<br />

coudée de long, abandonnés par terre. J’en saisis un et soufflai<br />

dedans : il était creux.<br />

L’embuscade était donc partie du fleuve ! Les attaquants<br />

s’étaient dissimulés sous l’eau, dans la végétation marécageuse,<br />

en respirant à l’aide de ces roseaux. Ils avaient jailli à<br />

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