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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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provisions s’épuisèrent, les animaux commencèrent à mourir.<br />

Leur chair était alors distribuée aux troupes : elle était dure et<br />

filandreuse, mais c’était tout ce dont on disposait.<br />

Cyrus se montrait de plus en plus fréquemment, et je vis à<br />

plusieurs reprises Xéno échanger quelques mots avec lui, en<br />

compagnie de Proxène de Béotie et d’Agias d’Arcadie. En<br />

général, le prince était entouré de ses nobles et de ses gardes du<br />

corps : des jeunes gens robustes et séduisants, vêtus de<br />

splendides habits, qui arboraient des bracelets en or et des<br />

épées dont la garde et le fourreau étaient du même métal. Ils<br />

avaient sans cesse le regard tourné vers lui, guettant le moindre<br />

de ses signes. Un jour, nous approchâmes d’une vallée fertile où<br />

le fleuve décrivait une anse. Les fleurs et les plantes attirèrent<br />

les soldats, telle une promesse de fraîcheur dans cette chaleur<br />

aveuglante. Bien vite, un chariot s’embourba. Il transportait des<br />

armes de jet, des harnachements pour les chevaux et, à en juger<br />

par la grimace soudaine de Cyrus, une grande quantité d’argent.<br />

À un signe muet de sa part, les membres de son entourage<br />

sautèrent à terre et, se jetant dans la boue, s’empressèrent de<br />

pousser le véhicule, malgré leurs culottes et leurs tuniques<br />

brodées d’argent et de soie.<br />

Les journées de marche étaient de plus en plus dures, en<br />

particulier pour les femmes. Étant la compagne de Xéno, je<br />

voyageais sur un chariot tiré par deux mulets, mais, nombre<br />

d’animaux ayant péri, esclaves et prostituées cheminaient dans<br />

la poussière derrière leurs maîtres, ce qui me plongeait dans<br />

l’embarras. Les prostituées ne bénéficiaient pas toutes du même<br />

sort. Les plus belles et les plus attirantes se déplaçaient à dos de<br />

mulet ou à bord de chariots, les autres à pied.<br />

La nuit apportait une fraîcheur bienvenue. Le fleuve offrait le<br />

réconfort d’un bain. On allumait le feu à l’aide des buissons et<br />

des branches d’arbustes qui ponctuaient les alvéoles sèches de<br />

ses affluents, et réchauffait ainsi un maigre repas. Le ciel coiffait<br />

le campement de sa coupole noire piquetée d’infinies vibrations<br />

lumineuses, et l’on entendait monter les cris des oiseaux de nuit<br />

et le hurlement des chacals. Nos hommes n’avaient jamais vu le<br />

désert. Leur patrie était constituée de petites vallées et d’âpres<br />

montagnes, de profondes criques et de plages dorées, elle<br />

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