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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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— Nous ne bougerons pas, déclara l’un d’eux.<br />

— Oui, tu peux nous tuer si tu le veux, mais nous ne<br />

quitterons pas ces lieux, renchérit un autre.<br />

— Vous êtes fous. Que croyez-vous faire ici ? Il n’y a rien.<br />

Juste un peu de chaleur. Si vous ne mourez pas de froid, vous<br />

mourrez de faim ou serez massacrés par les Barbares qui nous<br />

suivent. Quelle différence cela fait-il ? »<br />

Il les autorisa à se reposer un peu, certains que, une fois<br />

revigorés, ils reprendraient la route. Il se trompait. Nombre<br />

d’entre eux avaient accompli un effort extrême pour atteindre la<br />

source chaude, ils s’étaient déshabillés et ils plongeaient dans<br />

l’eau, dans un bain merveilleux qui consolait des souffrances<br />

endurées, de l’inconfort, du froid. Xéno savait ce qu’ils<br />

pensaient, et moi aussi : mieux vaut mourir d’inanition dans le<br />

creux de cette source miraculeuse, comme dans un utérus<br />

chaud, que d’affronter d’autres souffrances, le froid, une<br />

épreuve sans fin.<br />

Xéno parvint à les remettre debout plus ou moins<br />

brutalement, à l’exception d’une trentaine d’hommes qui<br />

n’avaient plus la force de marcher et encore moins de supporter<br />

le poids de leur armure.<br />

Il se résigna donc. « Fort bien dit-il, mais on vous a promis<br />

que personne ne resterait en arrière et je compte tenir cette<br />

promesse. Nous poursuivrons notre marche et quand nous<br />

aurons trouvé un refuge je vous enverrai des camarades qui<br />

vous ramèneront. »<br />

Jamais je n’oublierai ces jeunes gens nus comme des<br />

enfants, se baignant dans l’eau transparente, nous regardant<br />

partir, les yeux emplis d’une mélancolie infinie. Xéno me dit<br />

tout bas qu’ils ressemblaient aux compagnons d’Ulysse parmi<br />

les mangeurs de lotus, mais j’ignore ce que cela signifiait.<br />

Notre fatigue était également due à l’altitude : nous ne<br />

cessions de haleter et chaque mouvement était plus pénible que<br />

de coutume.<br />

Nous rejoignîmes enfin l’avant-garde de l’armée. Sophos vint<br />

à notre rencontre. « Entrez. Il y a de quoi boire et manger, de la<br />

place dans les maisons, pour dormir au chaud. Les habitants ne<br />

sont pas hostiles.<br />

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