26.06.2013 Views

L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Nous attendîmes sans bouger près du cadavre de Cyrus.<br />

Bientôt, les officiers qui chevauchaient en tête l’aperçurent et se<br />

précipitèrent vers nous : Cléarque, Socrate, Agias, Proxène.<br />

Xéno les rejoignit un peu plus tard, méconnaissable sous la<br />

couche de sang et de poussière qui recouvrait ses vêtements et<br />

ses armes. Je réprimai à grand-peine le désir de me jeter dans<br />

ses bras et me contentai de croiser son regard qui exprimait les<br />

mêmes sentiments que les miens. Peu après survint Ménon, à la<br />

tête de ses cavaliers thessaliens. J’ignore s’il perçut ma gratitude<br />

quand nos yeux se croisèrent.<br />

Le visage de pierre, Cléarque interrogea : « Que s’est-il<br />

passé ?<br />

— Et où est Ariée ? » demanda Proxène.<br />

Sophos indiqua une tache sombre à une demi-parasange<br />

vers le nord : « Là-bas, je crois. Avec les siens. À l’heure qu’il<br />

est, l’infâme doit certainement traiter avec Artaxerxès. »<br />

Cléarque montra le corps de Cyrus. « Et lui ? »<br />

Sophos lui répondit par une autre question : « Que voulait-il<br />

lorsqu’il t’a rejoint ?<br />

— Il voulait que j’abandonne la rive de l’Euphrate pour me<br />

lancer contre le centre des ennemis, car le Grand Roi se tenait<br />

là.<br />

— Pourquoi as-tu refusé ?<br />

— C’eût été un suicide. L’ennemi nous dépassait des deux<br />

tiers, au-delà de notre gauche. Si j’avais quitté l’Euphrate, il<br />

nous aurait encerclés là aussi.<br />

— C’eût été la fin.<br />

— Oui.<br />

— Et comment appelles-tu ça ? répliqua Sophos d’un ton<br />

sarcastique en indiquant le champ du massacre. Cyrus savait<br />

qu’il était en infériorité numérique, une infériorité écrasante,<br />

mais il disposait d’une arme absolue, à laquelle il se fiait<br />

aveuglement : tes soldats. Si tu lui avais obéi, tu aurais enfoncé<br />

le centre et balayé le Roi. »<br />

Vexé, Cléarque rétorqua : « Dans de telles situations, je ne<br />

prends mes ordres que de Sparte.<br />

— C’est moi, Sparte », répondit Sophos, avant de s’éloigner.<br />

99

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!