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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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l’affrontement se changea en massacre. Horrifiée, je regardais<br />

hommes et chevaux choir dans le ravin, les uns entraînant les<br />

autres, semant des lambeaux de chair et des éclats de sang sur<br />

les pierres pointues, sur les éperons rocheux, sur les lames<br />

coupantes des silex noirs.<br />

Puis, la phalange s’ouvrit : archers, frondeurs et lanceurs de<br />

javelots projetèrent sur les rescapés une pluie de dards funestes.<br />

Quand nous pûmes enfin nous approcher, le soleil brillait<br />

triomphalement dans le ciel pur, mais la terre… la terre n’était<br />

que mort et désolation. De l’escadron de cavalerie perse, il ne<br />

restait qu’un amas de chair, et les gémissements des moribonds<br />

vous brisaient le cœur.<br />

Et ce n’était pas terminé.<br />

Cléanor d’Arcadie voulut que les soldats de Tissapherne se<br />

heurtent, à leur arrivée, à un spectacle d’horreur. Il fallait qu’ils<br />

mesurent les conséquences de leur trahison, de leur embuscade,<br />

qu’ils touchent du doigt la fureur des Dix Mille, privés de leurs<br />

généraux par la trahison.<br />

L’armée comprenait un groupe d’attaquants thraces, des<br />

montagnards féroces et primitifs, qui répondaient aux ordres de<br />

Timasion de Dardanos. On les chargea de mutiler les cadavres à<br />

l’aide de haches, de massues et de couteaux. Je courus me<br />

recroqueviller derrière un rocher, et demeurai là jusqu’à ce que<br />

Xéno m’appelât : l’heure de reprendre notre marche avait<br />

sonné.<br />

On tira les chariots du ravin et on se remit en route sous le<br />

soleil. De temps à autre, je me retournais : des vautours de plus<br />

en plus nombreux tourbillonnaient au-dessus du ravin.<br />

Par quel mystère sentaient-ils si vite l’odeur de la mort, et de<br />

si loin ? En vérité, je la sentais moi aussi. Elle collait à Xéno qui<br />

chevauchait non loin de là, elle collait à tous les guerriers, en<br />

particulier aux Thraces, souillés de la tête aux pieds.<br />

Nous marchâmes pendant toute la journée et atteignîmes à<br />

la tombée du soir une ville abandonnée, ceinte d’un rempart en<br />

briques crues. Une pyramide dénommée ziggourat, à moitié en<br />

ruine, s’élevait en son centre. Le soubassement, encore revêtu<br />

de pierre grise, comportait des figures de guerriers aux épaisses<br />

barbes bouclées et aux cheveux tressés. Elles étaient peintes de<br />

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