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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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Le récit de Durgat m’horrifia. Il n’y a, en effet, rien de plus<br />

terrible au monde que de tomber à la merci d’un être humain<br />

qui vous déteste, car il n’y a pas de limites aux souffrances qui<br />

vous attendent. Animée par une cruauté qui l’emportait sans<br />

doute sur le chagrin que lui causait la perte de son fils adoré,<br />

Parysatis fit attacher l’homme dans la cour du palais et appela<br />

les bourreaux. Elle réclama les plus habiles, des individus<br />

capables d’infliger toutes les tortures qu’un corps puisse<br />

supporter sans en mourir, de jouer avec la mort en l’empêchant<br />

d’étendre une aile bienveillante sur la victime.<br />

Chaque jour, elle pénétrait dans la cour à bord d’un<br />

palanquin et, assise à l’ombre d’un tamaris, contemplait des<br />

heures durant les souffrances atroces du malheureux. Et<br />

comme, la nuit, ses gémissements la dérangeaient dans son<br />

sommeil, elle ordonna qu’on lui coupât la langue et lui cousît les<br />

lèvres.<br />

Elle assista pendant dix jours au spectacle infâme d’un<br />

homme réduit à un amas informe de chairs lacérées. Et quand<br />

elle décida de lui donner le coup de grâce, ce ne fut pas par pitié,<br />

mais parce que ce passe-temps avait cessé de l’amuser.<br />

Elle voulut qu’on lui arrachât les yeux et qu’on versât du<br />

cuivre fondu dans ses oreilles.<br />

Durgat s’interrompit à la vue de mon air horrifié, de mon<br />

regard atterré et de mes larmes, qui traduisaient mieux que des<br />

mots les sentiments que cette histoire si féroce suscitait en moi.<br />

Elle jeta un regard circulaire, comme pour reprendre contact<br />

avec la réalité, et poursuivit :<br />

« Un autre homme s’était vanté d’avoir tué Cyrus. Il se<br />

nommait Mithridatès. Le roi Artaxerxès lui avait donné une<br />

magnifique récompense : une tunique en soie et un cimeterre en<br />

or massif. Mithridatès avait, en effet, blessé d’un coup de javelot<br />

à la tempe le prince, que le roi, racontait-on, avait ensuite tué de<br />

sa propre main, bien que touché à la poitrine. Certains<br />

soutenaient que c’était Mithridatès, et non le soldat de Carie,<br />

qui avait apporté au Grand Roi le caparaçon ensanglanté de<br />

Cyrus.<br />

« Un soir, il fut invité à un banquet que la reine avait<br />

organisé en cachette et auquel participait l’un de ses fidèles<br />

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