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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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Cléarque apparut.<br />

Il avait tiré ses cheveux sur la nuque et portait une armure<br />

étincelante, une lance dans la main gauche et un bâton de<br />

commandement dans la droite. « Soldats ! commença-t-il. Des<br />

messagers du Grand Roi demandent à être reçus. Je veux que<br />

vous soyez parfaitement alignés sur quatre rangées. Il faut que<br />

nos ennemis voient une armée, non un troupeau de chèvres.<br />

Avez-vous bien compris ? Et maintenant, les gardes du corps ! »<br />

Il se mit à inspecter les rangs. Lorsqu’il voyait un homme<br />

mal aligné, il lui assenait un coup de bâton afin qu’il rectifiât sa<br />

position. Il choisit ensuite huit soldats, les plus grands, les plus<br />

musclés, qui lui tiendraient lieu de gardes du corps.<br />

À une nouvelle sonnerie de trompette, les hommes<br />

empoignèrent leurs boucliers et serrèrent les rangs, provoquant<br />

de grands cliquètements. Alors Cléarque fit annoncer aux<br />

messagers qu’il était prêt à les recevoir.<br />

Les trois notables se présentèrent. Non sans stupeur, ils<br />

admirèrent l’ordre des troupes, la rigueur impeccable de<br />

l’alignement, les éclats menaçants des armures. Bien que<br />

tenaillés par la faim, nos soldats bombaient le torse devant les<br />

étrangers, bien décidés à leur montrer qu’ils n’étaient pas<br />

domptés, qu’ils ne les craignaient pas, mieux, qu’ils étaient<br />

redoutables. Je vis Socrate d’Achaïe, tête nue, au centre de son<br />

régiment, Agias d’Arcadie appuyé à sa pique, telle la statue<br />

d’Arès, je vis Ménon de Thessalie, aussi étincelant que l’étoile<br />

d’Orion qui porte malheur, arborant une cape incroyablement<br />

blanche. Je vis Agasias de Stymphale, Lykios de Syracuse et<br />

Glous.<br />

Ils se tenaient en première ligne, à dix pas d’intervalle les<br />

uns des autres, aussi bien disposés que des pions sur un<br />

échiquier. Seul Sophos était absent. Il ne se montrait jamais<br />

dans ce genre d’occasion. Il s’évanouissait dans les airs, comme<br />

un mirage.<br />

Les messagers annoncèrent que le roi était prêt à décréter la<br />

trêve, à condition que Cléarque s’engageât à interdire tout<br />

pillage ou toute offensive. Le général en chef répondit qu’avant<br />

de promettre quoi que ce soit il entendait nourrir ses hommes,<br />

et les nourrir immédiatement. Faute de quoi, il attaquerait.<br />

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