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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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partis d’un endroit précis et étaient retournés à ce lieu après une<br />

longue et interminable marche. Elle avait voulu clore le cercle.<br />

Lorsque nous gardions les troupeaux aux pâturages, mes<br />

amies et moi ne cessions de parler d’elle et des personnages<br />

qu’elle nous avait décrits. Nous avions l’impression de les avoir<br />

nous-mêmes côtoyés, et nous nous persuadions que nous les<br />

reconnaîtrions s’ils apparaissaient devant nous. Parfois, Abisag,<br />

qui était la plus naïve, imaginait que Xéno reviendrait. S’étant<br />

rendu compte qu’il ne pouvait vivre sans Abira, il suivait ses<br />

traces le long de la voie qui conduisait aux Portes de Cilicie et<br />

aux villages de la Ceinture. Elle aimait imaginer qu’il surgirait<br />

un soir, au puit, resplendissant dans son armure, accompagné<br />

de son cheval piaffant. Elle les voyait se jeter dans les bras l’un<br />

de l’autre pour ne plus se quitter.<br />

Abisag… douce amie.<br />

Plusieurs jours s’écoulèrent. Le ciel s’assombrit. Les journées<br />

se raccourcissaient, et les tempêtes qui se déchaînaient parfois<br />

sur les sommets du Taurus s’aventuraient dans nos villages sous<br />

la forme d’un sifflement rageur.<br />

Puis, une nuit, alors que nous étions blotties sous nos<br />

couvertures et que nous pensions à elle, seule et triste dans la<br />

cabane au bord du fleuve, nous entendîmes le vent qui gronde !<br />

Le vent qui annonce un événement extraordinaire.<br />

Au matin, juste avant l’aube, les chiens gémirent puis<br />

aboyèrent furieusement. Je me levai et allai sur la pointe des<br />

pieds à la fenêtre. Les maisons des autres villages, serrées les<br />

unes contre les autres, se détachaient sur un ciel de perle.<br />

Mais que se passait-il ? Il régnait la même atmosphère que la<br />

nuit où nous avions arraché Abira à la mort. Je sentais monter<br />

en moi une agitation étrange, irrépressible, tandis que les chiens<br />

aboyaient encore aux présences invisibles qui traversaient la<br />

steppe.<br />

Je sortis, vêtue d’une simple tunique, et j’allai réveiller<br />

Mermah et Abisag. Elles me rejoignirent immédiatement. Elles<br />

ne parvenaient pas à dormir, elles non plus.<br />

Nous quittâmes ensemble le village et nous dirigeâmes, côte<br />

à côte, vers le puit, guidées par une sensation indéfinissable, ce<br />

genre de prémonition et de trouble qui, raconte-t-on,<br />

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