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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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En attendant, ne te tourmente pas, essaie, toi aussi, de survivre,<br />

car ce qui nous attend ne sera pas facile, surtout pour toi. »<br />

Mélissa baissa la tête. « Oui, sans Ménon je suis redevenue<br />

une proie. Tu sais, Abira, ce qu’a été ma vie et quels sont mes<br />

talents. Malgré tout, Ménon m’a défendue sans rien demander<br />

en échange. C’est moi qui l’ai séduit, qui l’ai prié de passer la<br />

nuit avec moi. Et il a accepté comme à contrecœur.<br />

— Peut-être t’aimait-il et pensait-il qu’il risquait de<br />

succomber et de te laisser seule sans protection. Il voulait que tu<br />

sois libre d’utiliser sans entraves la seule arme que tu possèdes :<br />

ta beauté. »<br />

Je restai auprès d’elle jusqu’à ce qu’elle s’endormît. Tandis<br />

que je longeais l’enclos des chevaux et me dirigeais vers ma<br />

tente, j’aperçus Sophos qui passait parmi les corps de garde.<br />

Néon le rejoignit et l’entraîna à l’écart. Je m’immobilisai, sur le<br />

qui-vive. Sophos écoutait son ami, l’air bouleversé. Soudain, il<br />

fit mine de partir, mais Néon le retint par le bras et lui dit : « Ce<br />

sont les ordres, tu n’as pas le choix ! » Puis ils reprirent leur<br />

dialecte, que je ne comprenais pas. Enfin, Néon s’éloigna.<br />

Demeuré seul, Sophos reposa ses bras sur la barrière et sa tête<br />

sur ses bras, comme écrasé par une pensée insupportable. Je<br />

retenais mon souffle. J’étais si près de lui que je l’entendais<br />

haleter. Soudain, il leva la tête, assena en pestant un coup de<br />

poing sur le pieu et s’en alla à grandes enjambées.<br />

Le lendemain, nous subîmes plusieurs attaques. Nos<br />

ennemis entendaient tester nos capacités de résistance, ainsi<br />

que le moral de nos troupes privées de chefs. Ils trouvèrent à<br />

qui parler, mais nous constatâmes que nous étions vulnérables<br />

aux assauts de leur cavalerie. Tant qu’Ariée avait été à nos côtés,<br />

ses cavaliers nous avaient couverts avec ceux de Cyrus, soit la<br />

crème de la noblesse, des jeunes gens extrêmement fidèles et<br />

courageux. Ce n’était plus le cas. Et chaque fois que les nôtres<br />

réagissaient, les Perses prenaient le galop et se mettaient en<br />

quelques instants hors de portée de tir.<br />

Sophos tint sa promesse de n’abandonner personne, de ne<br />

laisser aucun malade derrière nous, aucun blessé. Je me<br />

demandais ce qu’il ferait quand ceux-ci se compteraient par<br />

dizaines, par centaines. Nicarque d’Arcadie nous accompagna,<br />

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