26.06.2013 Views

L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

un lieu magnifique où se dressait l’un des palais d’été de Cyrus.<br />

Une source coulait à l’intérieur d’une grotte, au plafond de<br />

laquelle était suspendue une peau, la peau d’une créature<br />

sauvage. Xéno me raconta à ce sujet une histoire inouïe.<br />

La grotte en question abritait un satyre, un être à moitié<br />

homme et à moitié bouc qui répondait au nom de Marsyas. Par<br />

les chauds après-midi d’été, cette créature des bois protégeait<br />

les bergers et leurs troupeaux et jouait de la flûte, un simple<br />

instrument en roseau, assise au bord du fleuve. Elle en tirait une<br />

mélodie sublime, plus suave et plus profonde que le chant du<br />

rossignol. Un chant qui sentait l’ombre et la mousse, des sons<br />

qui évoquaient le clapotement des fontaines montagnardes, une<br />

harmonie qui se fondait avec le bruissement du vent dans les<br />

feuilles des peupliers. Marsyas s’était épris de sa musique, il<br />

estimait que personne ne pouvait l’égaler, pas même Apollon,<br />

qui est, pour les Grecs, le dieu de la musique. Apollon l’entendit<br />

et lui apparut soudain, pendant un après-midi de printemps,<br />

aussi resplendissant que le soleil.<br />

« Tu m’as défié ? » interrogea-t-il d’une voix courroucée.<br />

Le satyre ne recula pas. « Telle n’était pas mon intention,<br />

mais je suis fier de ma musique et ne crains aucun rival. Pas<br />

même toi, ô Resplendissant.<br />

— On ne peut défier un dieu sans courir de grave risque, car<br />

si tu l’emportais, ta gloire serait démesurée. Mais si tu perdais,<br />

ton châtiment devrait être approprié.<br />

— Quel serait le châtiment ?<br />

— Tu serais écorché vif. Et je m’en chargerais moi-même. »<br />

Sur ces mots, il montra un poignard très pointu, fait d’un métal<br />

merveilleux, aveuglant.<br />

« Pardonne-moi, ô Resplendissant. Mais qui me garantit<br />

l’impartialité du jugement ? Tu ne risques rien. Moi, je risque<br />

ma vie et encours une mort atroce.<br />

— Nos juges seront les neuf Muses, les divinités suprêmes de<br />

l’harmonie, de la musique, de la danse, de la poésie, de toutes<br />

les manifestations les plus élevées des hommes et des dieux, les<br />

seules à pouvoir réunir le monde des mortels et le monde des<br />

immortels. Leur nombre est impair, leur verdict sera donc<br />

déterminant. »<br />

51

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!