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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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nôtres, à qui l’on avait confié les deux vaisseaux parce qu’il<br />

possédait une certaine expérience de la navigation, leva l’ancre<br />

pendant la nuit avec l’un d’eux. Il se nommait Dexippe et sa<br />

réputation de traître fut ainsi établie.<br />

Les navires restants ne suffisaient pas à transporter toute<br />

l’armée qui fut contrainte de multiplier les incursions à<br />

l’intérieur pour faire du butin, pillant les villages des<br />

populations indigènes qui se défendaient bec et ongles. Je ne vis<br />

pas ces assauts, car je restai au campement, sur la côte, avec les<br />

autres femmes, les blessés et les convalescents, mais j’en appris<br />

assez à ce sujet en écoutant les récits des guerriers : des images<br />

cruelles de massacres et d’incendies, de femmes et d’enfants qui<br />

se jetaient de leurs maisons en flammes et s’écrasaient sur le<br />

sol, de combattants des deux camps transformés en torches<br />

humaines, de féroces corps à corps, de tueries.<br />

Les nôtres avaient-ils le choix ? Ils auraient certes préféré<br />

acheter dans les marchés ce dont ils avaient besoin, mais ils<br />

n’avaient plus d’argent ni d’objets précieux à troquer. Je m’étais<br />

habituée à raisonner comme eux, à estimer qu’on ne peut se<br />

soustraire à la loi de la survie. Les horreurs de la guerre étaient<br />

la triste conséquence de cette loi. Une fois dans la bataille, la<br />

douleur, le sang, les souffrances du corps et de l’esprit se<br />

chargeaient du reste, abattant toutes les limites fixées par la<br />

civilisation, balayant toute retenue. J’eus la chance de ne pas<br />

assister à ces épisodes.<br />

Au bout d’un mois, l’armée épuisa ses possibilités d’amasser<br />

du butin, ayant dévasté toutes les terres qui s’étendaient à une<br />

ou deux journées de marche. De plus, les habitants de<br />

Trapézonte avaient hâte de nous voir partir. On décida alors que<br />

les non-combattants monteraient à bord des vaisseaux et des<br />

embarcations disponibles, ce qui diminuerait ainsi le nombre de<br />

bouches à nourrir. Le commandement de cette flottille fut<br />

confié à Nétos, l’officier qui s’était heurté à Xéno à plus d’une<br />

reprise. On disait qu’il rédigeait lui aussi une histoire de notre<br />

expédition, et j’aurais aimé savoir ce qu’il racontait.<br />

Les blessés, les malades, les plus âgés et toutes les femmes<br />

prirent le large. Oui, les filles s’en allaient par mer, les filles qui<br />

avaient encouragé les guerriers au gué de la rivière<br />

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