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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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panique. Après quoi, une attaque en force du reste des troupes<br />

parachèverait son œuvre.<br />

« Laisse-moi y aller ! hurlait-il. Ils ne s’y attendent pas, je les<br />

ai entendus plaisanter, ils sont à moitié soûls, je les égorgerai<br />

comme des moutons. Ils ont tué deux de mes hommes<br />

aujourd’hui. Ceux qui touchent aux hommes de Ménon sont<br />

morts, le comprends-tu ? »<br />

On aurait dit une bête féroce ayant senti l’odeur du sang.<br />

Cléarque eut grand-peine à le retenir, et je suis convaincue que,<br />

s’il l’avait déchaîné contre nos ennemis, Ménon aurait tenu ses<br />

promesses, et plus encore. Je craignis qu’il ne pointât son épée<br />

contre le général en chef. Mais, cette fois encore, Cléarque eut<br />

raison de sa fureur.<br />

Je me rendis compte que Sophos observait la scène non loin<br />

de là. À ses côtés se trouvait un officier du bataillon de Socrate,<br />

un homme relativement jeune et peu loquace, qui avait la<br />

réputation d’être un guerrier infatigable. Il venait d’une ville du<br />

sud, m’apprit Xénon, et se nommait Néon. Sophos et lui<br />

semblaient n’avoir en commun que leur tempérament taciturne.<br />

Nous traversâmes un autre fleuve et aperçûmes une ville où<br />

il nous fut possible de nous ravitailler, puis nous nous<br />

enfonçâmes dans un territoire désert dont la maigre végétation<br />

était identique à celle qui poussait sur les rives du Tigre. Bien<br />

que nous fussions en automne, il faisait chaud, et les longues<br />

marches sous le soleil brûlant mettaient à dure épreuve les<br />

hommes et les bêtes de somme. De nombreux jours s’étaient<br />

écoulés depuis que Cléarque avait reçu Tissapherne et ratifié la<br />

trêve : plus aucun contact n’avait eu lieu depuis.<br />

Une fois seulement, nous vîmes surgir un messager perse.<br />

Nous nous trouvions à proximité d’un groupe de villages qui me<br />

rappelaient ceux où j’étais née et que j’avais quittés depuis<br />

longtemps. Un cavalier perse apparut, à l’aube, et attendit,<br />

immobile sur sa monture, que Cléarque le rejoignît. Il lui dit<br />

dans un mauvais grec que Tissapherne l’autorisait, en signe de<br />

bienveillance, à prendre dans ces villages ce dont son armée<br />

avait besoin.<br />

Xéno et les autres pensèrent aussitôt qu’il s’agissait d’un<br />

piège, d’une invitation au pillage destinée à diviser l’armée, à la<br />

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