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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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Pendant toute la soirée, je remâchai ces pensées en<br />

attendant que Xéno et ses camarades rentrent d’une battue de<br />

chasse, activité dans laquelle il excellait. De fait, le butin fut<br />

riche : huit cerfs, quatre porcs-épics, deux sangliers, une demidouzaine<br />

de lièvres pris au lacet et des oiseaux aux couleurs<br />

merveilleuses. Le mâle était doté d’une longue queue couleur<br />

bronze, un plumage splendide parait ses ailes et son cou.<br />

D’allure plus modeste, les femelles avaient une chair tout aussi<br />

exquise. En l’honneur du fleuve que nous suivions et que nous<br />

prenions pour le Phase, Xéno et ses hommes appelèrent ces<br />

oiseaux des « faisans », et il m’offrit leurs plumes afin que je<br />

fabrique avec des ornements.<br />

Ce repas abondant ramena la bonne humeur et dissipa<br />

l’atmosphère de découragement et de soupçon qui régnait dans<br />

le campement. Le général en chef était très sûr de lui, ce qui<br />

parut à tous de bon augure.<br />

Je me demandais ce qui se passerait si je ne dénichais<br />

aucune preuve, pis, si l’on me surprenait en train de fouiller les<br />

bagages de Sophos ? Xéno me défendrait-il ou<br />

m’abandonnerait-il à mon destin ? Et Mélissa ? M’aiderait-elle ?<br />

Je songeai à Lystra et à son enfant, en espérant qu’ils<br />

m’écouteraient et me prêteraient main-forte. J’imaginais le petit<br />

à la peau ridée de vieillard, jouant dans la prairie infinie de l’audelà,<br />

parmi les fleurs stériles d’asphodèles. Je m’étais habituée à<br />

l’au-delà des Grecs, encore plus mélancolique que le nôtre.<br />

Je déambulais à la limite du campement, serrant contre moi<br />

les pans de mon manteau afin de me protéger contre l’air<br />

mordant de la nuit, quand je me heurtai à une figure<br />

inquiétante.<br />

Un homme vêtu d’une cape grise me tournait le dos, la tête<br />

enfoncée dans les épaules. Il avait laissé derrière lui une série<br />

d’empreintes profondes et noires.<br />

Je m’approchai et interrogeai avec un courage qui me<br />

surprit : « Qui es-tu ? »<br />

Il pivota. J’eus un coup au cœur : il tenait un animal éventré,<br />

un lièvre ou un lapin, dont il dévorait le foie en se souillant le<br />

visage de sang.<br />

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