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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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C’était un miracle, pensai-je. S’il s’en était tiré, nous nous en<br />

tirerions nous aussi. « Il faut avancer, criai-je à ma compagne.<br />

Serre les dents et tiens bon, tu verras, nous y arriverons ! »<br />

Le ciel s’éclaircit et je compris enfin ce qui se produisait en<br />

tête de la colonne. Les Cardouques occupaient le col, ils étaient<br />

alignés en bon nombre sur un mamelon. Ils étaient armés d’arcs<br />

énormes, si grands que nous les voyions de loin, et avaient<br />

accumulé de grosses pierres qu’ils comptaient projeter sur nous.<br />

La colonne s’immobilisa.<br />

Aussitôt après, je vis Xéno passer à cheval et rejoindre<br />

Sophos. Je n’avais aucun mal à imaginer ce qu’ils se disaient. Le<br />

premier : « Avez-vous perdu la tête ? Vous nous avez distancés<br />

sans rien nous dire, alors que nous étions sans cesse attaqués ! »<br />

Et le second : « Jette un coup d’œil là-haut. J’essayais<br />

d’atteindre le col le premier. »<br />

Nous étions bloqués, et Sophos n’avait pas l’intention<br />

d’affronter un combat dans une situation d’infériorité.<br />

Au moins, nous pouvions reprendre haleine. La fille enceinte<br />

avait abandonné la queue du mulet et s’était assise par terre.<br />

J’attachai l’animal de tête à un arbuste et la rejoignis. Elle avait<br />

des cernes noirs et profonds, elle était pâle, maigre, à bout de<br />

souffle. Je lui montrai une cavité, dans la roche, qui était<br />

remplie d’eau de pluie.<br />

« Bois, puis lave-toi les mains qui sont souillées de crottin.<br />

J’ai encore de quoi manger. » Je lui donnai un bout de pain,<br />

dans lequel elle mordit voracement. Elle n’avait sans doute pas<br />

mangé depuis longtemps.<br />

Xéno continuait de protester : il voulait être averti en cas de<br />

danger et il était bouleversé parce qu’il avait perdu deux de ses<br />

meilleurs hommes. Le premier, Basias d’Arcadie, avait été<br />

percuté par un rocher qui avait écrasé son casque et enfoncé son<br />

crâne. Le second avait reçu une flèche qui avait transpercé son<br />

bouclier et sa cuirasse pour se planter dans son côté. C’était une<br />

de ces flèches puissantes et mortelles, à grosse pointe en forme<br />

de pyramide, que les Cardouques utilisaient.<br />

Surtout, il avait dû abandonner ses soldats sans sépulture. Il<br />

était croyant, et l’idée que les corps de ses hommes subiraient<br />

des offenses et des mutilations, que leurs esprits ne pourraient<br />

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