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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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Au cours des premières étapes sur l’Euphrate, et grâce aux<br />

talents de chasseur de Xéno, nous mangeâmes de la viande<br />

fraîche. Il y avait là des centaines d’oiseaux aussi gros que des<br />

poules, qu’il était facile de capturer. Leur vol étant court et<br />

poussif, il suffisait de les fatiguer en les poursuivant un<br />

moment ; on les attrapait ensuite à la main. Au début, je ne<br />

comprenais pas pourquoi ils ne s’envolaient pas et ne fuyaient<br />

pas le danger. Puis je m’aperçus qu’il s’agissait de femelles : en<br />

simulant ce vol disgracieux, elles éloignaient les intrus de leur<br />

nid, bref, se sacrifiaient pour sauver leurs poussins. De<br />

nombreux soldats imitèrent Xéno : jetant leurs armes à terre, ils<br />

se mirent à courir derrière ces volatiles. Les moins habiles<br />

roulaient dans la poussière, mais tous s’amusaient, riaient et<br />

chahutaient. Des cris de jubilation et des ovations saluaient<br />

chaque prise, comme à un concours de lutte ou à une course à<br />

pied. Les soldats criaient le nom du vainqueur qui brandissait<br />

son trophée afin qu’on le vît bien.<br />

Je les observais, incrédule, ou presque. Les plus redoutables<br />

guerriers du monde connu se vautraient dans la poussière<br />

comme des enfants. D’autres tombaient dans le fleuve ou<br />

s’enfonçaient dans la vase, dont ils ressortaient crottés de la tête<br />

aux pieds.<br />

La chair de ces oiseaux était très savoureuse. Par la suite, il<br />

fallut recourir essentiellement aux provisions emportées par<br />

chaque régiment : farine, blé et huile d’olive, ou aux denrées que<br />

l’on achetait à un prix élevé au marché qui nous suivait.<br />

Le paysage changeait. Plus nous avancions vers le sud, plus il<br />

se faisait aride et désert. Les rives de l’Euphrate elles-mêmes<br />

étaient nues. Creusées dans un lit de grès, elles n’offraient pas<br />

d’espace et de nutriments suffisants à la végétation. Le foin et<br />

l’avoine que nous transportions permirent dans un premier<br />

temps de nourrir les bêtes de somme, mais quand nos<br />

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