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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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accouraient sous leurs étendards comme si la voix du général<br />

Cléarque, qui n’était plus là, retentissait dans cette sonnerie. Ils<br />

s’alignèrent en rangs fermés, tournant le dos à une colline qui<br />

saillait tel un promontoire jusqu’à la rive du Tigre.<br />

Désormais, la scène s’offrait à nous dans toute sa réalité. Le<br />

cavalier était éventré, il pressait sur ses entrailles ses mains<br />

couvertes de sang. Sophos arrêta son cheval, sauta à terre et,<br />

aidé des trois soldats, transporta l’homme en le tenant par les<br />

bras et les jambes, puis courut se réfugier derrière les nôtres,<br />

dont les rangs s’ouvrirent et se refermèrent aussitôt.<br />

Je l’entendis crier : « Un chirurgien ! Appelez un<br />

chirurgien ! » Je me précipitai vers lui avec mon amie, pensant<br />

que nous pourrions être utiles. Mélissa ne cessait de demander :<br />

« Qui est-ce ? L’a-t-on reconnu ? Qui est-ce ?<br />

— Je l’ignore. »<br />

Les Perses arrivèrent peu à peu. Trouvant la phalange<br />

alignée, hérissée de pointes métalliques, impénétrable, ils<br />

galopèrent tout autour en lançant des nuées de flèches qui<br />

s’abattirent sans dommage sur le mur de boucliers.<br />

Mélissa et moi gagnâmes le pied de la colline. Penché sur le<br />

blessé, le chirurgien préparait ses instruments sur une bande de<br />

cuir posée par terre.<br />

« Apportez-moi de l’eau et du vinaigre, si vous en trouvez,<br />

cria-t-il en nous voyant. Tout de suite, sinon cet homme<br />

mourra ! »<br />

Quand nous revînmes, Sophos, à pied, menait la phalange en<br />

rangs serrés vers les cavaliers qui avaient encore le dos tourné<br />

au Tigre.<br />

Le chirurgien lava l’épouvantable plaie et donna au blessé un<br />

morceau de cuir à mordre. Il nous ordonna de lui tenir les bras<br />

et se mit au travail. Il repoussa les intestins dans la cavité de<br />

l’abdomen, recousit d’abord la membrane qui les soutenait, puis<br />

les muscles et la peau. Le visage du soldat était terriblement<br />

contracté sous l’effet de la douleur.<br />

Agasias de Stymphale, un des officiers supérieurs qui étaient<br />

restés au campement, survint alors. « A-t-il dit quelque chose ?<br />

— Non, répondit le chirurgien. Crois-tu qu’il est en état de<br />

bavarder ?<br />

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