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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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J’ignore s’ils étaient spartiates – nul ne le sut jamais – mais<br />

ils lui ressemblaient en tout et pour tout, avaient la même<br />

armure et la même façon d’agir.<br />

Parmi les généraux, Xéno connaissait bien Proxène de<br />

Béotie. C’était un de ses amis, l’homme qui lui avait proposé de<br />

le suivre en Asie. Séduisant et ambitieux, il rêvait de conquérir<br />

de grandes richesses, l’honneur et la célébrité. Mais il<br />

démontrerait au fil du temps qu’il n’était pas taillé pour<br />

commander, et son amitié avec Xéno en pâtirait. Se promener<br />

sous les portiques d’une ville ou siroter une coupe de vin dans<br />

une taverne en parlant de politique, de chevaux ou de chiens,<br />

échanger des traits d’esprit est une chose. Affronter des<br />

marches exténuantes, souffrir de la faim ou de la peur, se battre<br />

pour sa survie en est une autre. Rares sont les amitiés qui<br />

résistent à de telles épreuves. Celle qui les liait s’affaiblit vite et<br />

se mua en indifférence et agacement, voire en antipathie.<br />

Xéno fit la connaissance des autres généraux : l’un d’eux, en<br />

particulier, le fascina au début et le dégoûta profondément par<br />

la suite. Je crois qu’il le haïssait et souhaitait sa mort. Il lui fut<br />

bientôt si insupportable qu’il lui attribua, à mon avis, des fautes<br />

dont il n’était pas coupable et des bassesses qu’il ne commit<br />

jamais.<br />

Cet homme s’appelait Ménon de Thessalie.<br />

Je le rencontrai à mon tour tandis que l’armée avançait, et<br />

j’en fus impressionnée. Il était un peu plus âgé que Xéno,<br />

environ la trentaine, avait de longs cheveux blonds qui<br />

projetaient des ombres sur son visage, ne laissant transparaître<br />

que ses yeux gris-bleu, un regard si pénétrant qu’il semblait<br />

aiguisé. Il avait un corps sec et musclé qu’il aimait exhiber, des<br />

bras puissants, des mains fines, de musicien plus que de<br />

guerrier. Et pourtant, lorsque ses doigts se refermaient sur la<br />

poignée de son épée ou sur sa lance, on devinait leur terrible<br />

force.<br />

Le soir, il n’était pas rare de le voir errer dans le campement,<br />

sa lance dans une main, une coupe de vin dans l’autre, s’offrant<br />

aux regards admiratifs des femmes aussi bien que des hommes.<br />

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