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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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strates de roche noire, pareilles à des rivières pétrifiées,<br />

striaient ses flancs.<br />

Elles jaillissaient de la neige, tels les dos de monstres<br />

endormis, et atteignaient le sentier que nous parcourions. Des<br />

pierres noires, ciselées et brillantes, de la grosseur du poing, y<br />

étaient enchâssées.<br />

« C’est un volcan endormi, me dit Xéno. Lorsqu’il se réveille,<br />

il vomit des fleuves de roche incandescente qui coulent le long<br />

de ses flancs puis se figent, devenant ce que tu vois maintenant.<br />

— Comment le sais-tu ?<br />

— Un de mes amis qui est allé en Sicile et a assisté à la colère<br />

épouvantable de l’Etna me l’a dit.<br />

— Qu’est-ce que c’est, la Sicile ?<br />

— Une île située à l’ouest, dotée d’un volcan gigantesque qui<br />

vomit de la fumée, des flammes et de la roche fondue. Je m’y<br />

rendrai un jour, je compte la voir de mes propres yeux.<br />

— Tu m’y emmèneras ?<br />

— Oui. Je t’y emmènerai. Nous ne nous quitterons plus. »<br />

Mes yeux s’embuèrent aussitôt, et le vent gela les larmes qui<br />

coulaient sur mes joues. Xéno était un jeune homme<br />

merveilleux et j’avais eu raison de lui faire confiance, de le<br />

suivre dans cette aventure. Je n’avais pas de regrets à avoir, pas<br />

même si j’avais dû mourir dans cette étendue glacée.<br />

À chaque étape, les difficultés augmentaient. Il n’était plus<br />

question d’inconfort, mais de vie ou de mort. Ceux qui<br />

trouvaient un logement ou un feu vivaient, ceux qui n’en<br />

trouvaient pas mouraient. Il se remit bientôt à neiger. Cela<br />

n’avait plus rien de beau ni d’agréable : oubliés, les gros flocons<br />

que j’avais vus danser à la chaleur du foyer, dans le ciel sombre !<br />

C’étaient désormais des aiguilles de glace que le vent nous jetait<br />

au visage avec fureur. Rien ne pouvait arrêter la tourmente.<br />

L’air gelé pénétrait toutes les défenses, transperçait les<br />

membres tel un poignard, raidissait les mouvements, aveuglait,<br />

s’engouffrait dans les tuniques et les capes dans lesquelles nous<br />

tentions vainement de nous cacher.<br />

Le sifflement du vent, assourdissant, évoquait un hurlement<br />

incessant, inhumain. On se déplaçait dans une atmosphère<br />

brumeuse, où tout était incertain, où les silhouettes prenaient<br />

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