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L'armee%20perdue%20-%20Valerio%20Manfredi.pdf

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Un contingent d’infanterie lourde, les capes rouges armées<br />

de leurs énormes boucliers, leur emboîta le pas. Il défendrait le<br />

passage en cas de contre-attaque.<br />

Avant le soir, nos hommes enlevèrent le col, chassant les<br />

Arméniens et les mercenaires qui y avaient été dépêchés, et<br />

s’emparèrent du campement de Tiribaze où ils trouvèrent une<br />

abondance de richesses. Le satrape d’Arménie avait échoué<br />

dans sa tentative de se faire valoir aux yeux de son roi. Il fallait<br />

maintenant que je cesse de m’inquiéter. Les sombres pensées<br />

qui se pressaient dans mon esprit, le matin, s’étaient dissipées<br />

avant le coucher du soleil : il ne semblait pas exister d’obstacle<br />

que les nôtres ne fussent capables de balayer.<br />

Nos pertes avaient été limitées jusqu’à présent. Trois ou<br />

quatre cents hommes, y compris les blessés qui avaient<br />

succombé. Je m’aperçus que je commençais à raisonner comme<br />

un soldat, et cela me déplut. Trois ou quatre cents hommes<br />

tombés dans un combat constituaient un chiffre énorme, un<br />

chiffre trop important. Cent ou cinquante, et même un seul l’eût<br />

été également. Un jeune homme de vingt ans qui meurt est un<br />

désastre irrémédiable. Pour lui, pour ses parents, pour la femme<br />

qui l’aime, parce qu’il ne pourra jamais être remplacé.<br />

Je vis l’Euphrate près de ses sources, ainsi que j’avais vu le<br />

Tigre. Il me parut sacré car il était le père et le dieu de notre<br />

terre. Sans lui, tout eût été aride, désertique. Nous le<br />

traversâmes avec de l’eau à la ceinture ; elle était si froide que<br />

j’eus la sensation de ne plus avoir de jambes.<br />

Au fur et à mesure que nous avancions, la couche de neige<br />

s’épaississait. Lorsque nous nous arrêtions dans les villages, les<br />

guerriers se procuraient de l’étoffe pour se bander les pieds et<br />

les jambes, habituellement nues, mais il était difficile de lutter<br />

contre le froid. Nous le supportions tant que nous étions en<br />

mouvement ; dès que nous nous immobilisions, nous devions<br />

taper des pieds par terre.<br />

Nous cheminâmes ainsi pendant plusieurs jours, sur le flanc<br />

de hautes montagnes qui se détachaient sur le ciel. L’air<br />

entamait la peau comme un couteau.<br />

Je me rendis compte que Lystra était à bout de forces : se<br />

déplacer dans la neige l’épuisait et sa grossesse était de plus en<br />

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