1896-1898 Tome 18 - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas-de ...

ig5
tions bien modérées de l'accommodement. Sans lui
laisser le temps de parler, le Pape lui montra Bonner
et son témoin Penyston et commença à se plaindre de
l'insulte faite non-seulement à l'Eglise en sa personne,
mais à la majesté du Roi de France. Abusant de la
situation, les Anglais venaient de lui intimer leur
appel. Après un pareil outrage, Clément VII espérait
que le Roi lui viendrait en aide pour tirer une
éclatante vengeance. Surpris et indigné, François
Premier ne pouvait se résoudre à le croire. Le Saint-
Père était profondément blessé ! Lui-même se sentait
révolté par tant d'impudence et d'audace. D'autre
part, il n'était pas disposé, en cas d'interdit, à travailler
à son exécution et il eut le courage de le
déclarer, sans retard et sans faiblesse (i). Pour lui,
tout s'arrangerait un jour. Henry VIII (il le croyait)
était trop attaché à l'Eglise pour en demeurer séparé.
Il ne fallait pas le désespérer, en se joignant avec
l'Empereur contre lui. La médiation de la France
pourrait devenir un jour la seule possible. Rompre
avec l'Angleterre serait le plus sûr moyen de rejeter
le Roi adultère, ou dans l'hérésie, après le schisme,
ou surtout entre les mains de Charles-Quint. Cette
alternative lui était déjà venue à l'esprit,' au dire de
ses familiers. Si le Roi de France lui tournait le dos,
l'Empereur ne lui refusait passa protection. Ilreplacerait
plutôt sur le trône Catherine, comme la femme
légitime et ferait descendre Anne Boleyn au rang de
concubine, pour se tourner avec Charles-Quint contre
la France et la ruiner.
(1)Cf. mémoire de Jean Du Bellay.Documentn° 114,
p. oacLxxxm.