1896-1898 Tome 18 - Ouvrages anciens sur Saint-Omer (Pas-de ...

205
pour la prospérité matérielle, dont ce règne a été le
point de départ, il leur est pénible d'admettre la tache
déshonorante de l'adultère dans l'origine de leur grande
Reine. C'est pourtant une indélébile souillure (i).
Peu importe, si, au moment de paraître devant
Dieu, la concubine n'eut pas le courage de confesser
ses fautes, comme le remarque l'Ambassadeur de
Venise, en citant les paroles qu'elle prononça sur
l'échafaud :
« Je ne suis pas venue ici, Messeigneurs, pour couvrir
mes fautes, ni les excuser. Quoi que je puisse dire
à vos
pour ma justification serait, je le sais, déplacé
yeux. Je suis donc venue seulement pour mourir,
obéissant en cela à la volonté de mon Seigneur.
Si jamais j'ai offensé Sa Majesté dans ma vie, je
l'apaise par ma mort. Je ne l'attribue ni aux juges,
ni à personne. La cruauté des lois du pays est la
seule cause de ma condamnation. Mais, puisqu'il en
est ainsi et que je la mérite, je vous supplie tous,
Messeigneurs, de prier beaucoup Dieu pour votre Roi.
C'est le meilleur Prince du monde ! Il m'a si bien
traitée !!! Il eût été impossible défaire mieux. Aussi
j'accepte volontiers la mort et je demande tout le monde ».
pardon à
Retirant alors sa coiffure, elle la donna à l'une de
ses suivantes et rajusta un réseau pour retenir ses
cheveux. Puis elle continua : « Bientôt cette tête se
verra encore, mais sans vie, sur ce billot. Puisque je
(1)Qu'Anne Boleyn ait été coupableou innocente des
crimes d'inceste et d adultère,commis sur le trône, d'après
son accusationet la sentence de mort, Elisabethn'en est pas
moins issue d'un commerceréprouvépar les lois humaines
et la loi Divine.