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110 LA DIPHTÉRIE
Il y a enfin les enthousiastes, les croyants, ceux qui
publient la recette nouvelle, appuyée d'une statistique
qui ne se retrouve plus dans l'avenir. « Chez plusieurs
de mes confrères, dit M. Cadet de Gassicourt, la confiance
en certains médicaments est devenue une véritable foi,
et ils souffrent malaisément qu'on la discute. Toute
incrédulité, toute hésitation même leur paraît être un
crime de lèse-humanité. Il leur semble que, par un
entêtement coupable, on refuse la vie aux infortunés
que l'on ne soigne pas selon leur méthode qui est géné­
ralement infaillible et compte autant de succès que de
malades. Qu'il s'agisse du copahu, du cubèbe, du per-
chlorure de fer, de la glace, du chlorate de potasse, du
tannin, de l'acide salycilique, du bromure de potassium,
de la papaïne, de la quinoline, que le médicament
doive être administré à l'intérieur ou appliqué topique-
ment peu importe : le médecin qui consent à faire usage
du procédé est sûr de guérir tous les diphtériques; celui
qui fait des objections est un routinier, un aveugle, et
pis encore^ » Mais la statistique ? Est-elle imaginaire?
Non ; il s'agit bien de la diphtérie. L'ont-ils guérie?
Ils l'ont vu guérir. Guérira-t-elle encore par ce moyen ?
Non.
Souvent les appréciations se succèdent de la façon
suivante : on commence par la foi, par l'ardeur de
la lutte; le désespoir arrive, l'indifférence le remplace,
1 CADETDEGASSICOURT. Traité clinique des maladies del'enfance,
t. III, p. 108.