V M

6 LA DIPHTÉRIE
Trousseau lui-même, des diphtéries frustes, c'est-à-dire
sans fausse membrane.
Derrière cet argumentateur, que nous laisserons pour
le moment, convaincu ou non, un autre se trouve. Pour
lui, bien qu'il admette l'infection organique primitive, la
fausse membrane reste un ennemi terrible, justiciable de
toutes les rigueurs de la cautérisation ; ce n'est plus le
point d'inoculation, mais c'est le support du germe mor­
bide, le nid des microbes, la source d'une infection se­
condaire. Il faudrait démontrer, à la suite de cette asser­
tion, comment détruire un microbe sur son terrain de
prédilection c'est empêcher l'envahissement organique
déjà fait, puisque ce microbe est là. « D'autre part, dit
Sanné, il y a, pour quiconque a observé quelques cas
de diphtérie, un principe que je me suis efforcé démettre
en évidence : c'est qu'il est impossible d'établir un rap­
port constant entre les caractères de la fausse membrane
et l'intoxication. » L'étude anatomiquede la fausse mem­
brane nous apprendra d'ailleurs plus loin qu'il faut la
réduire au rôle d'une simple manifestation éruplive ; et
le fait de sa généralisation immédiate, dont nous avons
déjà parlé, enlève toute valeur à la théorie d'une infec­
tion secondaire.
Enfin, nous ne mentionnerons qu'à titre de constatation
(puisque leur conduite n'a aucun mobile scienlifiqiu')les
médecins, et ils sont nombreux, qui cautérisent, badi­
geonnent, irriguent la fausse membrane, parce que c'est
passé dans les mœurs médicales et dans celles du public;
qui ne comprendraient pas que, là où on voit un mal,