V M

56 LA DIPHTÉRIE
sins, les premiers pris à Restigné, une éclaboussure de
crachat en plein visage, pendant que je le cautérisais,
car je cautérisais encore à ce moment-là ! — Est-ce cela?
Est-ce la contagion? deux ou trois jours après, j'étais
pris très gravement. L'angine guérie, je me sentais dé­
primer et éprouvai en même temps cette répugnance
terrible pour tout ce qu'on m'offrait. J'eus besoin de
beaucoup de volonté, et me rappelle l'effort que je dus
faire pour me livrer à ce qui me sembla une vraie dé­
bauche alimentaire, solide, liquide, alcoolique, le tout
assaisonné d'une forte tasse de café. Je sentis à partir de
ce moment que le mal était enrayé. » (Docteur Frouslin.)
Cette alhrepsie de nature infectieuse due vraisembla­
blement à une action du virus sur le système nerveux a
été signalée par plusieurs observateurs. Trousseau a dit
qu'il fallait quelquefois battre les petits malades pour les
forcer à s'alimenter. M. de Saint-Germain insiste égale­
ment sur cette répugnance particulière et invincible à
toute alimentation.
« La paralysie diphtérique présenta naturellement
tous les types connus. C'était un spectacle curieux que
la quantité de gens différemment paralysés à Restigné et
environs. Peu de diphtériques y échappèrent ; elle fut
en durée et en intensité proportionnelle à la maladie,
commença le plus souvent par le voile du palais, pour,
de là, gagner tout ou partie. 11 y eut quelques malades
qu'on dût nourrir durant plusieurs semaines à la sonde