V M

NATURE DE LA DIPHTÉRIE :il
plaoe des germes de la diphtérie, et l'envahissement de
la gorge. La diphtérie pharyngée dans les observations
que je viens de vous citer est survenue à des dates très
différentes après l'inoculation de la muqueuse ou de la
peau. Pour Valleix, il a suffi de vingt-quatre heures ;
pour Herpin et Gendron il a fallu quelques jours; pour
Gustin neuf jours; pour Loreau quinze jours; pour notre
petit malade un mois. Pourquoi ne pas accepter que
M. Albaran a mis seize jours à passer de la diph­
térie cutanée à la diphtérie pharyngée ? Peut-on
expliquer ces différences ? Il suffit, je crois, pour les
comprendre, d'invoquer les notions nouvelles sur
l'incubation.
« L'incubation n est autre chose que la culture dans
l'économie d'un virus, d'un germe qui y a été déposé.
Pour que ce germe se développe, il faut qu'il rencontre
le terrain qui lui est favorable. Or ce terrain peut être,
suivant l'espèce morbide, tel ou tel organe, tel ou tel
tissu. Pour le charbon, ce sont les ganglions, c'est la
rate; pour la tuberculose, le tissu conjonctif et lympha­
tique; c est le sang pour certaines formes d'endocardite
ulcéreuse; le vibrion septique trouve son milieu de cul­
ture dans les profondeurs des séreuses, l'agent patho­
gène de la rage se développe surtout dans le tissu ner­
veux du cerveau, du bulbe et de la moelle; quant à la
diphtérie, c est sur les muqueuses qu'elle se développe
avec prédilection.
« Ces notions étant admises, on conçoit que la culture
d'un virus puisse demander un temps plus ou moins