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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

I. Introduction<br />

Il pourra paraître curieux au lecteur familier des récentes publications de Marc<br />

Richir, que son itinéraire intellectuel s’initia dans des études de physique. Et pourtant, il<br />

s’agissait sans doute déjà, dans cette démarche, d’une tentative de comprendre ce qui<br />

constitue la réalité du réel, l’étoffe même de notre expérience. La réponse inaugurale de<br />

Richir fut donc celle du physicien : le fond de l’être est mathématique. Il ne faudra pas<br />

oublier, pour comprendre le développement de l’œuvre richirienne, que Richir fut<br />

d’abord « positiviste », et que c’est seulement après avoir travaillé dans un laboratoire<br />

pendant quelques années qu’il renonça, il est vrai, pour ne plus jamais y revenir, à ce<br />

type d’explication du réel. La science, certes pertinente sur son terrain propre, ne<br />

pouvait donner l’explication ultime du monde : il fallait en venir à la philosophie. Or<br />

tout homme est le fils de son temps ; l’historien le sait bien : il n’est pas un homme dont<br />

les actes, les pratiques et les oeuvres ne soient déterminés, pour une bonne part au<br />

moins, par le contexte culturel dans lequel il a évolué. Richir ne fait pas exception à la<br />

règle ! Il nous faut donc tout d’abord examiner la situation de la philosophie alors que<br />

Richir s’engageait dans cette voie<br />

« Comme on le sait, c’est dans le courant du XIXème siècle, sous l’impulsion donnée par le<br />

développement des sciences positives, que la philosophie commença à se trouver radicalement<br />

mise en question. On ne peut pas dire aujourd’hui que cette époque de crise soit terminée, bien<br />

que, sans doute, elle se donne maintenant au regard sous des formes que les hommes du<br />

XIXème siècle trouveraient étonnantes, voire inquiétantes. C’est que, on a coutume de le dire,<br />

de nouveaux discours se sont progressivement élaborés dans le courant de ce siècle et ont<br />

envahi le champ de la culture : les discours des sciences “humaines”, principalement ceux de<br />

l’ethnologie, de la psychanalyse et de la linguistique, qu’on réduit peut-être un peu hâtivement<br />

au dénominateur commun de « structuralisme ». Plus récemment encore, depuis 1966, et sous<br />

l’impulsion de Althusser et de Lacan, le Cercle d’épistémologie de l’École Normale Supérieure<br />

(de Paris) tente de dégager le statut de scientificité rigoureuse du marxisme et de la<br />

psychanalyse, dans une entreprise dont l’envers est la détermination de la philosophie comme<br />

idéologie. La philosophie ne serait, à l’égard de la science, que la construction illusionnée -<br />

202 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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