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Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

phases de présence ou en phénomènes de langage » (EP, 54). On comprend donc bien<br />

toute la distance qui sépare, d’un point de vue architectonique les pensées en concrétion<br />

des pensées en abstraction : alors que la philosophie (pensée en abstraction) postule<br />

dans le même mouvement, l’extériorité absolue du langage par rapport à la langue et la<br />

transparence de l’un à l’autre, les pensées en concrétions paraissent mêler langue et<br />

langage dans le mouvement de leur déploiement; ou encore, que la langue y paraît<br />

« empâtée de langage » (EP, 55) 132 , ce qui implique donc que les aperceptions de<br />

langue ne peuvent avoir le même statut que dans la philosophie.<br />

Considérons les choses d’un peu plus près. Les pensées en concrétion se disent à<br />

travers des concrétudes ; et, comme nous l’avons vu, ces concrétudes se disent et se<br />

recodent symboliquement à travers des métamorphoses pour la pensée mythique, et en<br />

généalogies pour la pensée mythologique. Et nous en arrivons à ce caractère majeur des<br />

pensées en concrétions : dans la stricte mesure où l’identité n’y joue pas un rôle<br />

directeur, la négativité qui n’est que l’antithèse de la première, n’y trouve pas de place<br />

non plus : c’est comme si ces pensées ne pouvaient se « corriger », non pas en niant<br />

leurs éléments, mais en les métamorphosant (mythes) ou en s’engendrant (mythologie);<br />

« autrement dit, c’est comme si, dans ce « régime » de pensée qui ne nous est pas<br />

familier, la seule reprise critique possible de la pensée par elle-même était, comme<br />

« correction », dans le mythe, la métamorphose des concrétudes déjà sédimentées, dans<br />

la mythologie, l’engendrement d’autres concrétudes à partir de concrétudes déjà<br />

sédimentées, comme si la langue adhérait au langage, comme si les aperceptions de<br />

langue (ouvertes par les signes de la langue) étaient sans distance par rapport au langage<br />

[...] » (EP, 55). Toujours est-il que cela ne signifie pas, loin s’en faut, que les pensées en<br />

concrétion soient plus phénoménologiques (plus authentiques !) que les pensées en<br />

abstraction - ce ne serait que renverser le problème de l’ethno-centrisme -, car la « vie »<br />

de ces institutions symboliques consiste toujours, comme pour toute institution<br />

symbolique, à « résoudre » un problème symbolique, quelque chose qui ne va pas de soi<br />

(rappelons-le : problème ou discours local pour la pensée mythique, et discours global<br />

pour la pensée mythologique) en vue de rétablir l’ordre du monde institué. Ce discours<br />

132 C’est l’occasion de citer un ouvrage, il est vrai remarquable, qui accompagne Richir tout au long de<br />

L’expérience du penser. Il s’agit du livre de M.C. Leclerc, La parole chez Hésiode, Les Belles Lettres,<br />

Paris, 1993. L’auteur parle d’“engluement”du langage chez Hésiode (Cf. pp. 300-301).<br />

346 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

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