10.06.2014 Views

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

Descargar número completo (3,33 MB) - Eikasia

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Carlson, Sacha: «L’essence du phénomène»<br />

s’efforcent de s’assurer de ce fameux “premier commencement”, l’origine qui doit tout<br />

éclairer et donner à voir» (Ibid., p. 781). De fait, même s’il faudrait peut-être plus<br />

insister que ne le faisait alors Richir sur le fait que les considérations d’ordre génétique<br />

n’étaient pas absentes de l’œuvre publiée du maître, il est un fait certain que la<br />

publication des inédits n’a cessé de dévoiler la constance et la prégnance de ces mêmes<br />

considérations tout au long de la méditation du père de la phénoménologie. Mais plus<br />

fondamentalement que cette simple découverte philologique, il en allait là d’une<br />

véritable révolution dans les études husserliennes ; car la mise à jour de cette face<br />

cachée de la phénoménologie husserlienne dévoilait combien ces considérations d’ordre<br />

génétique avaient amené Husserl, parallèlement à l’apparente assurance exprimée dans<br />

son œuvre publiée, à des abîmes d’incertitude. Ainsi, comme le pressentait déjà Richir,<br />

mais comme il devait s’en apercevoir bien plus radicalement encore en 1973 avec la<br />

publication par I. Kern des manuscrits sur l’intersubjectivité (Hua XIII, XVI et XV), ce<br />

pan nouvellement dévoilé de la méditation de Husserl devait ouvrir à des voies inédites<br />

pour la phénoménologie, des voies où l’assurance du fondement devait petit à petit<br />

céder la place à une foncière instabilité de la fondation. Plus encore, la découverte d’un<br />

deuxième plan sur lequel s’étaient déployées les recherches de Husserl demandait de<br />

reconsidérer la totalité de l’œuvre. C’est ainsi que Richir pouvait écrire : «Si l’on y<br />

regarde bien, Husserl passa toute sa vie à parler de “questions qui n’étaient pas encore<br />

réglées” et seulement “comprises dans leur mouvement”, et à “se taire comme auteur” à<br />

leur propos. Il apparaît de plus en plus que ce qu’il livrait parcimonieusement au public<br />

ne constitue qu’une face de son œuvre, celle où le désir du système l’emporte à biffer le<br />

caractère aporétique des recherches qu’il poursuivait dans ses cours et dans ses<br />

manuscrits. Si l’on n’envisage cette œuvre que par sa face publique, on risque de perdre<br />

sa dimension la plus riche, celle où la pensée cherche à s’assurer de son fondement dans<br />

la désespérance de quarante mille pages de manuscrits, à moins de lire [...] les textes<br />

publiés eux-mêmes qui cachent derrière l’assurance des positions conquises un constant<br />

travail d’éboulement qui ruine celles-ci dans leur fondation [...]» (Ibid., p. 783).<br />

Et nous arrivons à la question de la lecture : qu’est-ce que lire un texte ? Et :<br />

qu’est-ce que lire un texte de Husserl ? La question se pose à vrai dire tant pour l’œuvre<br />

publiée que pour les inédits. «Plus que jamais, il faut lire l’œuvre de Husserl comme un<br />

216 <strong>Eikasia</strong>. Revista de Filosofía, año VI, 34 (septiembre 2010). http://www.revistadefilosofia.com

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!